On se retrouve là-bas ?

Un groupe d’enfants se tient sous les murs de Jérusalem. Il fait nuit, ils ont allumé un feu pour se réchauffer. Serrés les uns contre les autres, ils discutent.

Un récit dialogué autour de Matthieu 21.1-11.

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David
Alors les nouvelles ? Il vient ou il vient pas ? Faudrait savoir !

Joseph
Demain, en principe, par la route du Mont des Oliviers.

David
Tu en es sûr ? Comment le sais-tu ?

Joseph
Tu sais, mon père a un cousin qui habite du côté de Bethphagé. Il lui a raconté qu’il est déjà là-bas, et qu’il cherche une monture pour son entrée en ville… 

Simon
Mais de qui parlez-vous ?

David et Joseph
D’où tu sors, toi ? Nous parlons du rabbi Jésus, le prophète !

Simon
Ah oui ! Le Galiléen qui fait des miracles. J’en ai entendu parler… Et alors ?

Joseph
Eh bien, il fait son entrée dans Jérusalem demain ! On va voir ce qu’on va voir !

Simon
Et qu’est-ce que tu imagines ?

Joseph
Cet homme-là, il est de Dieu. C’est un nouveau Moïse, un nouveau Josué… Il va nous mettre dehors les Romains, vite fait bien fait. M’est avis est que demain, on va le voir nettement à l’œuvre. Avec ses gars, ils vont nettoyer Jérusalem des étrangers romains qui nous occupent, de ces païens qui risquent toujours de souiller notre Temple. Je le vois déjà, il va arriver sur un cheval de guerre, avec des armes brillantes, une lance avec un drapeau, des épées, des arcs et des flèches. Une armée va le suivre. Ah oui, les Romains vont trouver à qui parler et même si c’est lent à venir les Romains sont condamnés. Ils ont l’air forts avec leurs légions, leurs cuirasses mais qu’ils se rappellent le Philistin Goliath : lui aussi, c’était un géant, et la pierre de notre roi David lui a fait mordre la poussière. Eh bien Jésus, c’est notre nouveau David : dès demain, Israël va devenir à nouveau un Royaume libre.

David
Je ne suis pas sûr qu’il soit si bagarreur, le rabbi Jésus. Moi j’ai entendu dire qu’il refusait la violence, qu’il préférait s’occuper des pauvres, des estropiés, des malades. Vous savez comment je l’imagine ? Il va arriver avec un grand chariot plein de nourriture, du blé, du pain, de la viande, mais aussi des vêtements, des couvertures. Et il va en donner à tous les pauvres de Jérusalem. Oh oui, ce que j’aimerais que ce  soit comme ça ! Chez moi, depuis que mon père a perdu sa terre à cause de ses dettes, la vie n’est pas possible. Mon père se loue chez les artisans, mais trois fois sur quatre, il reste sur la place sans trouver du travail. C’est bientôt la Pâque, et il n’est pas question d’avoir le moindre bout de viande d’agneau pour la fête… Si Jésus pouvait nous aider… 

Simon
Mais est-ce vraiment celui que nous attendons ? Mon grand-père, vous savez qu’il est savant, il connaît “ la loi et les prophètes ” par cœur. Eh bien, lui aussi, il a entendu parler de Jésus. Mais on lui a dit qu’il ne respectait pas la Torah. Le jour du shabbat, il continue ses affaires ; il se laisse inviter chez des étrangers et des traîtres de chez nous qui collaborent avec eux, vous savez les gens des impôts… C’est un Galiléen, et ces gens-là ne sont pas des modèles. Alors mon grand-père, il veut le voir de près et il m’a dit qu’il a un test. Le prophète Zacharie a dit à propos du Messie : “ Voici que ton roi s’avance vers toi, il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon tout jeune et il supprimera le char de guerre… ”

Joseph (le coupant)
Rabbi Jésus sur un bourricot ! C’est quand même pas terrible ! Tu crois que c’est ainsi qu’il va impressionner les Romains ? Oui je sais, Salomon est venu sur une mule se faire sacrer roi ; mais après, il a été riche, il a eu des palais, des femmes, des chevaux, un vrai roi, quoi ! Vous savez, le meilleur moyen de savoir, c’est d’aller le voir demain tous ensemble. Et nous verrons qui avait vu juste. D’accord ? On se retrouve à la porte de Jérusalem ! (Se tournant vers une fille, muette jusque-là) Tu pourras venir, Myriam ?

Myriam
Non, tu sais, ce n’est pas possible pour moi. Je dois aider ma mère à garder mes petits frères et sœurs. Et puis, je dois aller chez mon grand-père ; il est très malade, il n’arrive pas à manger seul. Alors je dois l’aider, je lui donne des bouchées de pain trempées dans du vin. C’est long mais sinon il ne mange pas et j’ai peur que… Allez-y, vous me raconterez…

Jean Loignon

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