Pasteure, mais pas que…

Florence Gosson-Lussetti, pasteure en disponibilité, anime depuis décembre dernier des cultes à Pornic. Portrait de cette femme devenue pasteure à 46 ans.

 

 

Par Jean Loignon, Église protestante unie de Loire-Atlantique

 

Florence Gosson-Lussetti © DR

Si Ranavalona III, reine de Madagascar, exilée en Algérie par les autorités françaises en 1895, n’avait pas souhaité avoir une gouvernante de sa confession – protestante – qui lui fut envoyée de Suisse par un pasteur…, si des habitants d’Ischia, île de pêcheurs au large de Naples, n’avaient pas préféré tenter leur chance en Algérie, plutôt que de rester dans une Italie unifiée par le nord… il n’y aurait peut-être pas de culte protestant mensuel à Pornic depuis décembre 2023 !

Voici deux des racines généalogiques de Florence Gosson-Lusetti, pasteure (en disponibilité) de l’Église protestante unie de France et animatrice desdits cultes.

 

Cadre en entreprise

 

Pourtant le chemin pastoral de cette active sexagénaire a tardé longtemps à se tracer : un couple parental « mixte » (comprenez protestant-catholique) mais peu soucieux de transmettre sa foi, une formation en école de commerce qui fit d’elle un cadre de l’entreprise Danone, quatre enfants, fruits d’un mariage quand même célébré au temple. Ce qui n’empêcha pas Florence de ne demander le baptême que quatorze ans après ! Un pas symbolique mais coïncidant avec un changement d’activité dans un cabinet de coaching tourné vers les adolescents. Là, une collègue lui vante les cours d’hébreu dispensés par le rabbin Ouaknin ; Florence tombe sous le charme de cet alphabet sans voyelles et de ses mots aux multiples sens et veut continuer. Où ? À l’Institut protestant de théologie, alias la fac de théologie protestante de Paris. Le virus théologique fait son œuvre et Florence embrasse le ministère pastoral à 46 ans. Au Chambon-sur-Lignon, à Marly-le-Roi, à Saint-Dizier, puis à Tours… où des difficultés la poussent à un pas de côté : une mise en congé pastoral, pour mieux vivre son nouvel état de grand-mère, s’engager sur le front de l’écologie au quotidien mais aussi s’adonner à un désir d’écriture qui aboutit à une saga en trois volumes1, récit fictif mais inspiré par ses origines ischitaines.

 

Des cultes à Pornic

 

Un tropisme atlantique pousse Florence et son mari Hervé à la Bernerie puis à Pornic au sud de la Loire-Atlantique : des rencontres œcuméniques et bibliques, une ouverture particulière de partenaires catholiques ravivent la vocation pastorale toujours présente. Et si elle proposait un culte protestant à Pornic ? Avec l’accord de l’Église protestante unie de Loire-Atlantique et l’aide active de la communauté protestante historique de Préfailles, des cultes célébrés à la maison Saint-Paul mise à disposition obligeamment par la paroisse catholique proposent une autre façon d’être chrétien et de faire Église : femme pasteure bénévole, prédicateurs laïcs, engagement parallèle à la Fraternité de la Mission populaire de Saint-Nazaire… Pour combien de temps ? Autant que le voudront librement ceux qui s’y rassemblent ; car Florence est pasteure, mais pas que…

 

1 Ada, la lune était splendide ; Ada, va, sur tes ailes dorées ; Ada, l’institutrice florentine, Éditions Sydney Laurent.

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