Aumônerie aux JO – Témoignage d’un aumônier

La France est à l'heure de l'olympisme : les Jeux olympiques se sont déroulés au milieu de l'été et les Jeux paralympiques se poursuivent en septembre.

Des aumôniers des différentes religions devant les anneaux olympiques du village © Denis Heller

 

 

Par Denis Heller, pasteur retraité de l’Église protestante unie de France

 

Cet événement sportif a drainé environ 15 000 athlètes, des milliers de spectateurs venus de tous les pays, sur plus d’une soixantaine de sites. Des millions d’auditeurs ont suivi des épreuves relayées par les médias du monde entier. La France a été saisie d’une ferveur inattendue.

 

Une laïcité stricte

 

Face à l’ampleur du phénomène, l’aumônerie présente au village olympique peut sembler dérisoire telle la petite graine de moutarde à peine visible de la parabole biblique.

 

Le comité international olympique exige que le pays organisateur mette en place par son comité national une aumônerie dans le village olympique, réservée aux athlètes et à leurs encadrants. Cette aumônerie prend alors des visages différents selon le pays d’accueil et les rapports existant entre les Églises et la société civile. Dans le cas présent, il s’agissait d’une laïcité stricte « à la française » interdisant tout prosélytisme et toute manifestation religieuse publique de notre part au sein du village. Pour autant, cela n’empêchait pas les athlètes eux-mêmes, voire les aumôniers faisant partie de délégations de certains pays comme les pays anglo-saxons, d’exprimer leur foi de manière plus visible.

 

Les aumôniers accrédités des différentes religions (juifs, musulmans, chrétiens catholiques orthodoxes et protestants, bouddhistes, hindouistes) étaient ainsi rassemblés dans un même endroit appelé « Centre interconfessionnel » comprenant des salles distinctes. Côté protestant, une quarantaine d’aumôniers venant des différentes unions d’Églises de la Fédération protestante de France avaient été agréés et proposaient à tour de rôle par équipe de deux ou trois des permanences de 7 heures du matin à 23 heures.

 

 

De belles rencontres

 

L’aumônerie s’adresse en priorité aux athlètes. Ils sont venus, certes en petit nombre. La plupart recherchaient un lieu de paix, à l’écart de l’agitation du village et de ses animations, à distance des chambres collectives bruyantes. Ils cherchaient dans une démarche croyante à se retrouver face à eux-mêmes, face à Dieu dans la prière, la méditation, loin des pressions médiatiques et sportives. Nous pouvions leur suggérer un temps de prière en commun, la lecture d’un passage biblique.

 

Ils ne demandaient pas la victoire mais aspiraient à trouver sérénité, confiance et tranquillité intérieure. Quelques belles rencontres humaines avec des hommes et des femmes, ayant leurs peurs, leurs fragilités et pouvant passer d’une seconde à l’autre du succès à l’échec…. Dans ces situations, la parole d’Évangile selon laquelle notre identité d’enfants de Dieu ne dépend pas de nos performances (même sportives !) prend alors toute sa pertinence.

 

A côté, nous pourrions dire, « du cœur du métier » d’aumônier, d’autres rencontres ont été vécues : avec les autres responsables religieux dans les moments d’attente de visiteurs, avec les aumôniers catholiques et orthodoxes dans une véritable dimension œcuménique puisque tous les chrétiens se retrouvaient dans une même salle d’accueil conçue ensemble. Des offices communs sous forme de temps de prières et de partage bibliques rythmaient les journées.

 

D’autres échanges, au départ imprévus, ont eu lieu en particulier avec les bénévoles de tous âges (plus de 45 000 mobilisés pour l’ensemble des sites) ou les salariés du village olympique ; ils venaient visiter en curieux ou échanger sur leurs convictions religieuses ou même faire « le parcours spirituel » proposé en plusieurs étapes.

 

Des rencontres ont pu se vivre aussi avec des membres des équipes d’encadrement dont parfois des pasteurs ou prêtres de délégations étrangères.

 

Les perspectives

 

À quoi comparer le village olympique fermé, sécurisé de toute part, régenté par les règles de l’olympisme, sans bruit de voiture ni signe de pauvreté et rassemblant des jeunes sportifs du monde entier ? À un monde idéal, au jardin d’Éden, à la tour de Babel ou à la nouvelle Jérusalem ? La question est ouverte…

 

Il reste que l’aumônerie était un lieu d’accueil, une présence offerte, gratuite, en dehors de toute obligation de performance, de rapidité ou d’exploit. Un lieu d’humanité, de spiritualité où l’on prenait son temps dans le partage, l’écoute et le recueillement.

 

Prions pour que cette petite graine semée grandisse et porte fruits.

 

Aumôniers catholiques et protestants dans la salle commune © Denis Heller

Intérieur de la salle commune aux catholiques, orthodoxes et protestants © Denis Heller

Des aumôniers des différentes religions devant le centre interconfessionel © Denis Heller

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