Les Barbares

Un film de Julie Delpy et Matthieu Rumani, avec Julie Delpy Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, 1h41, comédie.

Le film qui m’a plu

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Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet

« Il était une fois », c’est ainsi que commencent les belles histoires et celle-ci, qui se passe à Paimpont, n’y échappe pas. Pourtant son titre, Les Barbares, ne laisse présager rien de bon. Le film de Julie Delpy, vous l’aurez compris, est une comédie pleine de bruit et de fureur !

 

Les protagonistes

 

Il y a Anne Poudoulec (Sandrine Kiberlain) gérante de la supérette, un peu portée sur la bouteille,  et son mari qui la trompe avec la charcutière ; Joëlle Lesourd (Julie Delpy) l’institutrice féministe militante ; Géraldine Riou (India Hair), une mère de famille nombreuse, infirmière ; son mari, Hervé, plombier, macho et xénophobe (Laurent Lafitte) ; Yves, un vieux paysan libertaire, propriétaire d’une longère au toit effondré, (Albert Delpy) qui déteste son voisin Hervé Riou lequel convoite ladite longère.

 

Tout ce petit monde semble vivre cependant en bonne entente sous l’œil du garde-champêtre (M. Fraize) qui ne se mêle pas des querelles familiales… Enfin, tous réunis autour du maire, attendent la famille de réfugiés dont l’arrivée dans le village va créer l’événement…

 

Le film commence avec une interview du maire, Sébastien Lejeune (Jean-Charles Clichet), content de passer à l’écran, content que son village soit mis en avant dans les médias. Sa commune est une commune « qui bouge », « qui bouge même pas mal » dit-il. À l’unanimité (enfin, avec un petit effort…) le conseil municipal a voté pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Mais l’institutrice qui a organisé l’accueil des réfugiés vient annoncer au maire qu’il n’y a plus assez d’Ukrainiens pour que toutes les communes de France en aient (!) « Pourquoi nous, on n’en a pas ? » … On leur envoie une famille de Syriens… Le maire fait le tour de ses administrés pour les prévenir de ce changement, lequel va être plus ou moins bien accepté. Hervé Riou lui claque la porte au nez…

 

L’arrivée des étrangers

 

Enfin le village est réuni, « Souriez » dit le maire, « Mettez les enfants devant, ce sera plus vivant ! » et la famille Fayad, syrienne donc, débarque, un peu gênée. Il y a le vieux père Marwan (Ziad Bakri), on apprendra par la suite qu’il est écrivain, poète ; ses deux enfants, Alma (Rita Hayek) médecin, qui a perdu son mari dans le bombardement de son hôpital ; Hassan (Farès Hélou) architecte ; la femme de ce dernier, Louna, graphiste (Dalia Naous) et leurs deux enfants, une ado, Dina, et un garçon d’une dizaine d’années.

 

Surprise, ces « Arabes » ne correspondent pas à l’idée que s’en faisaient les villageois ! Cela donne lieu, à leur arrivée, à des dialogues naïfs montrant l’ignorance et la peur de ceux qui craignent d’être envahis par des gens différents d’eux : « Il a trois femmes ? Non ! Il y a aussi sa sœur et sa fille. Elles n’ont pas de foulards… est-ce qu’elles ne seraient pas plutôt des Roms ? Ce serait encore pire ! »  Même si le prêtre leur a dit : « Ils sont nos frères, nous devons les accueillir » l’accueil des migrants est à géométrie variable ! On découvre qu’une main anonyme a écrit sur le mur « Dehors les Barbares ». Les Barbares, ainsi ont été appelés les peuples frontaliers de l’empire romain qui ont envahi celui-ci durant les premiers siècles de notre ère. Mais en amont, pour les Grecs de l’Antiquité, le Barbare était l’étranger qui ne parlait pas grec. Ironie de la situation, ces Syriens, ces étrangers parlent aussi l’anglais. L’anglais aujourd’hui, langue internationale, est comme le grec du 1er siècle, qui était la langue parlée tout autour de la Méditerranée !

 

Mais, subtilité du film, les gentils ne le sont pas toujours et les méchants finiront par changer d’idée (à supposer qu’on puisse appeler idées leurs préjugés). En un an, une acculturation réciproque va joyeusement s’accomplir ! Un film humaniste, prônant par l’exemple, le mélange des cultures. Politiquement correct, diront certains, agacés que soient pointés quelques aspects regrettables et pourtant bien réels de notre société, même s’ils ne sont pas majoritaires : populisme identitaire, complotisme et antisémitisme, ce qui leur sera un argument pour snober ce film, intéressant à plus d’un titre.

 

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