Une sélection de films à voir en mars

La Pampa d'Antoine Chevrollier et Her story de Shao Yihui

Le film qui m’a plu

La Pampa, un film d’Antoine Chevrollier avec Sayyid El Alami, Amaury Foucher, Damien Bonnard

 

Par Roseline Cayla, EPU Angers

 

Le film se déroule dans les environs de Longué, dans le Saumurois, avec une incursion à Angers, prétexte à évoquer la tapisserie de l’Apocalypse, sur laquelle travaille une étudiante aux Beaux Arts, Marina (Léonie Dahan-Lamort ). Marina est l’ancienne camarade de lycée de jeunes campagnards qui fantasment sur celle-ci, laquelle leur semble très libre. Ils font foi aux ragots que suscite son indépendance. Elle s’intéresse à Willy (Sayyid El Alami ), moins grossier que les autres, et lui apprend que l’Apocalypse, ce n’est pas la fin du monde, mais la fin d’un monde et le début d’un autre. Genre meilleur ? demande Willy. La jeune fille hausse les épaules : Peut-être.
Oui ! j’ai commencé par le milieu du film, maintenant, allons au début.

 

L’âge où l’on se croit immortel…
Je dois dire que ce début m’a déplu, car il montre la sottise d’ adolescents qui semblent n’exister que par le ronflement de leurs motos ! On aperçoit au bout d’une route de campagne un stop. Les cinq garçons que nous voyons ont décidé que l’un d’entre eux, Jojo (Amaury Foucher ), pressenti pour être un champion de moto-cross, doit foncer sur cette route et passer au stop sans s’arrêter. La roulette de la mort en quelque sorte. Son ami Willy lui dit de ne pas le faire, alors que les trois autres scandent Allez Jojo ! Jo-jo ! Jo-jo ! Jo-jo ! Et Jojo fonce…

 

Aller ailleurs…
Willy et Jojo se sont fait une promesse : quitter plus tard leur village. Willy ne s’entend pas avec son beau-père, Etienne (Mathieu Demy). Quant à Jojo il semble mal aimé de son père, David (Damien Bonnard), qui ne sait que lui faire des reproches. Willy espère avoir son bac, Jojo gagner le championnat de moto-cross. Un jour Willy découvre, sidéré, que son ami a une relation sexuelle avec Teddy (Artus), le coach qui le prépare à la course. Jojo qui dit être gay depuis toujours et aimer Teddy, laisse entendre cependant des choses pas claires. Je ne peux pas tout te raconter, dit-il à Willy. Du reste le Teddy en question a une amie qui est enceinte de lui et qui, apprenant sa relation avec Jojo, pour se venger, a envoyé sur les réseaux sociaux une vidéo qui met en cause l’entraîneur et le jeune. De ce jour, Teddy ne veut plus entendre parler de Jojo et menace Willy de lui casser la tête s’il dit les avoir vus.

 

Dur apprentissage de la vie…
Jojo s’est toujours surpassé pour être le meilleur en moto-cross et obtenir la reconnaissance de son père. Il faut être toujours plus rapide, « tuer » les autres…Le malheureux sera victime des réseaux qui le désigneront aux ricanements des petits machos, victime de la bêtise de son père qui s’emportera violemment contre lui lorsqu’il apprendra son orientation, et brûlera sa moto. Jojo ne trouvera pas non plus de compréhension auprès de sa mère : Comment as-tu pu faire ça à ton père !
Après la disparition de Jojo, David ne rêve que de débaucher Willy (son fils de substitution ?) qui révise son bac (ce dernier a beaucoup négligé ses études au profit de la moto…) pour qu’il s’entraîne à la place de Jojo afin de gagner la course…Willy cède dans un premier temps … Mais la vision d’un motard étendu au sol, gravement blessé lors de la course, fait s’arrêter net Willy, alors que David tout à son obsession, vocifère Continue, continue !…
Un film prenant, un éclairage sur certains comportements qui décidément persistent.

Une sélection de l'association Pro-Fil

Her story, un film de Shao Yihui, sortie le 5 mars 202

 

par Jean-Michel Zucker , association Pro-Fil

Écrite par une jeune réalisatrice de 33 ans, voici que nous arrive, après avoir explosé le box-office chinois, une décoiffante comédie pleine d’humour, reflet d’un monde où les femmes sont devenues des actrices de la consommation. Version chinoise du féminisme à la Barbie (Greta Gerwig, 2023), le film privilégie avec subtilité et courage l’expression d’une féminité éveillée davantage que des revendications féministes frontales, qui seraient dangereuses à déployer dans un pays aux normes sociales encore très conservatrices, et où beaucoup de sujets de société restent tabous. Ainsi le scénario est-il ingénieusement truffé d’allusions aux méfaits du patriarcat et du confinement, aux violences sexuelles et à l’homosexualité, à la culture de la délation et à la censure.

 

Dans le centre historique de Shanghaï, Wang Tiemei, une journaliste d’investigation « découragée de combattre le système » se consacre désormais à des publications commerciales. Mère divorcée, elle est écartelée entre son travail et sa fille Moli, une pré-ado précoce et délurée.  Un soir, elle intervient pour protéger une inconnue suivie dans la rue. Xiao Ye, une chanteuse et bruiteuse un peu alcoolique et déprimée entre ainsi par hasard dans sa vie. Les deux femmes, parfois prises dans un pays où l’homoparentalité est réprouvée pour un couple de lesbiennes élevant un enfant, vont s’entraider, guérir les blessures du passé, et affronter les défis du présent en remettant à leur place les deux maladroits protagonistes masculins, traités de façon un peu simpliste comme  des faire-valoir. Wang Tiemei s’éprend d’un jeune batteur un peu loser du groupe musical de Xiao Ye, et Moli, qui refuse la boxe, va s’essayer à son instrument, vers lequel on oriente plutôt les garçons. Son père, obligé de cumuler deux emplois – clin d’œil aux difficultés économiques qui inquiètent aujourd’hui les Chinois –, est contraint d’admettre devant Moli qu’il n’a aucun droit sur son ancienne épouse. Ce qui domine le propos du film est bien, véhiculée par un langage délibérément cru et la précipitation souvent torrentielle des plans, l’urgente aspiration des femmes à l’autonomie et à une sexualité heureuse, qui sont autant de « bonnes choses », titre chinois du film.  

 

 

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