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À la rencontre de l’Humain, cet inconnu…
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Pratiquement à chaque visite, devant chaque porte de l’un des trois établissements hospitaliers dans lequel je vis mon ministère d’aumônier, je rencontre un patient différent d’un autre ; que dis-je… une personne. Parce qu’un patient, par définition, est « passif ». Et peut ainsi penser qu’il « subit » au lieu d’être acteur de sa vie.
Une personne, donc, qui, presque toujours, m’interpelle par son humanité, son courage, ses peurs, ses pleurs, sa confiance, le cadeau offert de son intimité en si peu de temps.
Ce ministère me remue ; au fond de mes entrailles et m’émerveille.
Je rencontre souvent en l’espace d’une journée des personnes si différentes, avec des histoires de vie parfois cabossées, parfois lumineuses… Comment l’humanité peut-elle être si variée ?
J’ai parfois l’impression d’être comme une abeille produisant du miel « toutes fleurs » ! De chambre en chambre, de personne en personne, loin de donner seulement, je m’enrichis de la rencontre, de la parole échangée, de ces récits de vie comme l’abeille qui butine dans des champs colorés de fleurs variées.
Humilité
Depuis un peu plus d’un an en tant qu’aumônier, après presque trente ans de ministère pastoral en paroisse, je suis à bonne école pour apprendre trois mots, essentiels dans ce ministère : l’humilité, la patience, la « juste » distance.
L’humilité d’accepter que dans le milieu hospitalier, bien souvent, l’aumônier est un épiphénomène !
Non, après le départ d’un aumônier, le suivant n’est pas attendu avec l’impatience d’une paroisse qui vit une année de vacance ! D’ailleurs, il n’est souvent pas attendu ! Voire même s’il n’était pas remplacé immédiatement, la ligne budgétaire serait vite enlevée !
J’apprends l’humilité de n’être que rarement attendue ; d’accepter d’être regardée parfois au mieux comme une « zombie » dans les services, voire comme une intruse au pays d’une laïcité mal comprise.
Patience
J’apprends la patience (et ceux qui me connaissent savent que ce n’est pas ma qualité… première !)
Patience d’attendre dans un couloir vingt minutes qu’un soignant puisse vous accorder une minute pour vous introduire auprès d’un patient ; patience, trente minutes auprès d’un patient qui a sonné parce qu’il est tellement douloureux qu’il pleure et a besoin d’être soulagé ; patience par terre, allongée à côté d’une vieille dame Alzheimer qui a glissé de son fauteuil et que je n’ai pas le droit ni la possibilité d’ailleurs de relever, pendant que deux soignantes ont tout le service à gérer et ne peuvent se libérer avant de très, très longues minutes… Sans compter la patience nécessaire devant des administrations et leur fonctionnement parfois si lourd.
Et « juste distance »
Enfin la « juste distance ». Certes, en tant que pasteure, j’ai vécu des moments très douloureux dans mon ministère, comme chaque pasteur : le décès de deux catéchumènes ; la pendaison d’une fillette harcelée ; la mort subite d’un nourrisson baptisé quelques jours plus tôt, sans compter les décès de paroissiens et paroissiennes que j’aimais… Mais ces moments se sont étalés sur trente ans de ministère !
Être aumônier des hôpitaux, c’est rencontrer un « concentré » de souffrance humaine ; c’est entendre des « pourquoi ? » plusieurs fois par semaine ; c’est voir les larmes couler plusieurs fois par jour ; c’est voir la douleur dans les yeux et la souffrance de l’esprit si souvent… Je suis encore en apprentissage ! Pour ne pas être une « éponge » de toute cette souffrance, et à la fois me tenir proche, vraie, empathique auprès de chaque personne.
Enfin, je terminerai par une grande joie : celle de partager, pas à chaque visite, mais souvent, la Bonne Nouvelle, de ce Dieu qui aime la personne comme elle est, lui propose de l’accompagner, de la porter, la soutenir, de renouveler ses forces pour combattre quand c’est nécessaire.
Nathalie Paquereau,
aumônier des hôpitaux de La Rochelle-Ré-Aunis, Rochefort et Niort