JEUNESSE
Khalat, Giulia Pex, Presque Lune, 2020, 116 p., 20 €
Elle aurait bien mérité de vivre sa jeunesse, étudier à Damas, rêver devant le prof de français, se confier à son frère aîné et croire à son idéal de liberté. Mais en Syrie le printemps des peuples se brise sur la violence bestiale du pouvoir en place et sur la cruauté de l’État islamique. Alors la jeune fille se retrouve jetée sur le chemin de l’exode en compagnie de ses parents. Elle porte dans ses bras l’enfant désormais orphelin de son frère assassiné. Chaque fois qu’elle marque une pause dans sa marche Khalat, trouve des amis à aider, des plus faibles à secourir ; et chaque fois elle doit les quitter pour guider son neveu et accompagner ses parents tellement soucieux de la protéger et tellement démunis sans elle…
Sans une plainte, sans une invective Khalat se bat, raconte, observe. Tout est juste dans ce récit, le dessin autant que les sentiments, la langue autant que les couleurs. Et si la retenue qui caractérise son style captive le lecteur si complètement c’est qu’elle exprime en même temps la personnalité de l’héroïne et l’art de la narratrice.
Jean-Pierre Molibna