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Par Pierrot MUNCH, pasteur de l’Église Protestante Unie de Loire-Atlantique. Depuis 2019, les pasteurs de l’Église Protestante Unie de France en exercice depuis au moins quinze ans peuvent interrompre leur ministère pour un temps sabbatique de quatre mois.
Cela faisait plusieurs années que j’aspirais à un temps de pause.
Je le ressentais avant la crise de la COVID, mais les confinements successifs, avec ce mélange curieux entre l’arrêt de nombreuses activités et la nécessité impérieuse de réinventer continuellement le ministère, ont sans doute renforcé ce besoin.
Je remercie l’EPUdF (Eglise Protestante Unie de France) pour cette proposition aux pasteurs de pouvoir vivre un temps sabbatique. Et je salue l’engagement du conseil presbytéral de Nantes et des nombreux prédicateurs qui m’ont permis de vivre des mois sereins et réellement déchargés de tous les soucis de la paroisse.
Ce congé sabbatique aura avant tout été 4 mois de détente, de repos, de bricolage, avec aussi une vraie priorité à notre famille et de formidables temps d’échanges et de prière avec Christine, mon épouse. En ce sens, ce temps sabbatique, plus proche aussi de nos enfants, a réellement joué son rôle de « shabbat », de temps privilégié pour les relations familiales.
Durant ces mois, j’ai réalisé que j’étais engagé à plein temps au service de l’Église depuis l’âge de 25 ans, et que c’était donc la 1ère fois que je ne vivais pas comme « missionnaire », c’est-à-dire avec un but de témoignage, quelque chose à apporter aux autres, avec une charge mentale que je ne déposais jamais complètement même durant les vacances…
Quatre mois où j’étais libre de toute obligation, pour être juste moi-même, gratuitement… Ces mois sabbatiques m’ont permis de déposer cette charge et de mieux la réaliser. J’appréhendais un peu le retour, après cette liberté et cette détente…
Environ une semaine avant la reprise, il m’a été donné de ré-accueillir la beauté et le privilège d’être appelé par le Seigneur, envoyé par Lui et par l’Église pour vivre à l’écoute de l’Esprit Saint, pour essayer d’être docile à l’Esprit Saint… J’étais habité par ce verset, qui est pour tous les croyants :
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. » (Évangile selon Jean, chapitre 15, verset 16)
On ne se décrète pas pasteur, ni même croyant ! C’est un choix, un appel du Seigneur et un mandat de l’Église qui reconnait cet appel.
Quand je prépare un culte, une prédication, je suis envoyé « en mission » par le Christ, à l’écoute de son Esprit pour un fruit « d’habitation du Christ ».
J’avais exprimé ma volonté de lire plusieurs livres et de relire la Bible durant ce temps sabbatique. En réalité, je n’ai quasi pas ouvert un bouquin et j’ai encore moins relu la Bible ! Je n’en avais pas le goût du tout et je ne me suis pas forcé !
Respecter ce manque d’élan m’a permis de comprendre que le projet de relire la Bible venait d’un besoin de justifier, de mériter ce congé sabbatique. Ne pas céder à cette justification a été comme « limiter ma puissance », accepter de ne pas être tout-puissant, dans le contrôle ou dans la maitrise ; n’est-ce pas aussi une des fonctions du « Shabbat » dans la Bible ?
Pasteur Pierrot MUNCH