L’apprentissage de la liberté

Dès le début de la Réforme, une place importante a été réservée aux apprentissages de la lecture et de l’écriture, outils nécessaires à une instruction religieuse fondée sur la lecture de la Bible.

Pauline Kergomard, républicaine convaincue, lutta toute sa vie contre la misère des enfants et pour la promotion des femmes © Commons Wikimédia

Par Nicolas Boutié, magazine Le Cep

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Au XVIe siècle, l’éducation est l’une des priorités des humanistes et des réformateurs (Luther, Melanchthon, Calvin, Bucer, Rabelais, Montaigne). Luther confie cette responsabilité aux familles et aux autorités civiles. Melanchthon rédige, comme d’autres humanistes, des traités d’éducation et des manuels d’apprentissage. En France, la lecture et l’écriture se diffusent vite dans les milieux réformés. « C’est la Réforme qui s’est passionnée pour l’instruction du peuple. Elle a voulu que tout homme sût lire. Et quel livre ? Celui où elle-même puisait la vie. » (Jean Jaurès, 1911) Après la signature de l’édit de Nantes, les protestants sont autorisés à entretenir des écoles dans les villes où le culte réformé est reconnu. Une grande attention est donnée à l’instruction religieuse.

 

Pour un enseignement laïc

 

Lorsqu’arrive le temps de l’alphabétisation de masse, au XIXe siècle, les protestants français sont donc très à l’aise. Mais leur faiblesse numérique et leur dissémination rendent difficile la constitution d’un réseau scolaire face à la puissance du catholicisme et d’un État insuffisamment neutre jusqu’aux années 1870. C’est la laïcité de l’école qui achève de les rassurer : ils s’y rallient massivement, non sans quelques inquiétudes ou arrière-pensées.

À côté des écoles, c’est aussi un réseau de centre de vacances qui continuent de former la jeunesse.

 

Quelques grandes figures

 

Beaucoup de pédagogues protestants se sont intéressés à l’école maternelle. Jean-Frédéric Oberlin décide d’instruire les enfants livrés à eux-mêmes car pas encore utiles pour les travaux des champs. Émilie Oberkampf-Mallet, influencée par l’expérience britannique, crée un réseau d’écoles primaires. Pauline Reclus-Kergomard, dans la droite ligne d’Émilie Mallet, transforme les salles d’asile en écoles maternelles et obtient le soutien de Ferdinand Buisson. Élise de Pressensé est à l’origine de l’œuvre des colonies de vacances et a écrit de nombreux ouvrages de pédagogie.

Une des héritières de toute cette tradition protestante qui favorise la formation personnelle est l’Association protestante pour l’éducation et l’enseignement.

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