Une Église en formation : une exigence et une chance

Une Église qui aspire à « se réformer sans cesse » n’est-elle pas appelée à se former à tout moment ? L’Église protestante unie, en tout cas, n’a peut-être jamais été aussi riche de possibilités d’apprentissages, accessibles à tous ses membres.

© StartupStockPhotos de Pixabay

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Par Séverine Daudé, Journal Échanges

 

La formation, quand on pense à l’Église, ce n’est peut-être pas la première chose qui vient à l’esprit.

Pourtant, l’Église est formatrice à bien des égards. Une personne, enfant ou adulte, qui participe à la vie ecclésiale entre à la fois dans la compréhension des textes, la lecture des événements, la longue histoire du monde, la complexité des autres et de la relation à autrui, le cocktail psychologie, foi et sentiment religieux – tout cela de façon ouverte et non télécommandée.

La prédication est une sorte de formation continue, pour qui va au culte régulièrement et reçoit sermon sur sermon.

On peut se former à tout dans un lieu d’Église, avec des engagements concrets auprès de personnes migrantes et/ou en situation de précarité, auprès des plus âgés à visiter – toute la dimension associative autour des droits de l’homme et de la solidarité. Par l’Église et les associations chrétiennes, les occasions d’apprendre arrivent « naturellement ».

 

Une démarche, une envie

 

Mais parlons de démarches plus explicites ou plus volontaristes. En théologie, avec les modules et les groupes Théovie ou un cursus en faculté de théologie. En langues anciennes ou en histoire, dans divers lieux universitaires, en présentiel ou en visioconférence. Dans le domaine juridique, le droit des associations cultuelles… On peut préférer se tourner vers la médiation ou la formation des conseillers presbytéraux, des trésoriers, des prédicateurs laïcs ou des aumôniers (avec des cursus dédiés, parfois exigés par l’État).

Se former pour s’engager dans l’Église, c’est une démarche : un déclic puis une inscription dans la durée. Cela peut ne jamais s’arrêter et même s’aggraver avec les années. Car plus on se forme, plus on ressent le besoin de se former !

C’est aussi l’occasion de rencontrer l’Église d’un peu plus loin, de confronter les expériences, de vivre des moments de partage au-delà des célébrations ou de l’utilité immédiate, de se connaître différemment. C’est surtout un moyen pour transformer notre société et le monde.

 

Les nouveaux chrétiens

 

Autrefois, les jeunes chrétiens respiraient l’air de leur paroisse, de leur groupe de jeunes, et puis, par l’imprégnation collective des générations – plus nombreuses ! –, des charges leur étaient confiées. Actuellement, de nombreuses personnes arrivent dans les paroisses avec un background non chrétien. Sans doute le besoin de formation se fait-il sentir pour elles, ne serait-ce que pour intégrer une culture religieuse qui ne se laisse pas toujours saisir d’emblée.

Ce besoin est réel également pour l’Église, parce que la transmission n’est pas si simple entre les plus anciennes générations et celles qui rejoignent les temples sur des modes bien différents.

Se former et s’engager, pour beaucoup de chrétiens d’âge moyen, est un luxe de temps. Les professions les plus « pressantes » ne laissent pas ce rêve s’installer longtemps. Pourtant, certains, curieux d’esprit, heureux de rejoindre une communauté de conviction, soucieux de bien faire les choses, presque « professionnellement », auraient à cœur de réserver du temps pour cette dimension de leur vie.

En retour, ils pourraient sûrement servir l’Église dans un domaine où ils ont déjà une compétence.

 

Se former pour vivre

 

Depuis plusieurs décennies, les parcours de vie, professionnels notamment, se vivent sur différentes périodes. À chaque période ou mutation peut correspondre une formation spécifique. Plonger dans une nouvelle donne, avec ses attentes et ses apprentissages, n’est donc pas quelque chose de si surprenant pour nos concitoyens. Et se former pour servir l’Église, c’est aussi se former dans et pour sa propre vie, comme le suggère Isabelle Rolland à la fin de ce dossier. Les connaissances acquises par chacun·e sont susceptibles de générer, au-delà du cercle religieux, de nouveaux liens avec la société, et peut-être même une activité plus cohérente dans son propre métier.

Dans la perspective de nouveaux ministères, notamment parmi les laïcs, on devrait voir les propositions de formation se multiplier et se diversifier encore dans l’Église, comme le signe encourageant que celle-ci se réforme toujours… sans se formater.

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