Les films qui m’ont plu

« Mikado » de Baya KASMI et « Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan » de Ken SCOTT.

Mikado, une famille marginale

Un film de Baya KASMI, avec  Félix MOATI, Vimala PONS et Ramzy BEDIA.

 

Un tranquille paysage provençal où chantent les cigales, mais l’histoire racontée est rien moins qu’idyllique. Nuage, une adolescente silencieuse (Patience MUNCHENBACH) et Zéphyr un petit garçon qui joue avec la nature, habitent avec leurs parents une camionnette aménagée. Le père c’est Mikado (Félix MOATI). Oui, ce père « intranquille » est une sorte de « mikado », baguette qui dans le jeu du même nom, peut faire sauter les autres ! La mère, Lætitia, au prénom qui la dit malgré tout (Vimala PONS), conduit le véhicule, toujours sur le qui-vive avec ce compagnon si impulsif. Prompt à décider d’un départ, comme le Caïn de La Légende des Siècles il semble fuir un œil qui le poursuit. Il est accusé de harcèlement au téléphone. Lætitia tente de le persuader de se rendre à la convocation du tribunal : s’il reconnaît les faits et présente des excuses, sa peine sera sûrement légère, ensuite il sera tranquille.

 

Le loup habitera avec l’agneau

 

Mikado fuit la justice, car il craint qu’elle leur enlève leurs enfants, qu’il prétend élever loin de la société dont il n’a que de mauvais souvenirs. Cela ne l’empêche pourtant pas de s’arrêter et proposer son aide à Vincent, professeur calme et patient (Ramzy BEDIA) dont la voiture est en panne. Mikado essaie de démarrer le moteur en le branchant sur la batterie de leur véhicule. Pas de chance, il faut changer une pièce. Il la commande, elle sera livrée chez Vincent qui, les invite à rester quelques jours chez lui en attendant : une jolie bastide, pleine de livres, au milieu d’un jardin, un paradis. Il y vit avec sa fille qui a l’âge de Nuage. Nuage lit toutes sortes de livres, même si elle n’est jamais allée à l’école, et elle retient naturellement tout ce qu’elle lit… Ses parents, dit-elle, lui achètent tous les livres qu’elle veut. Une amitié va naître entre elle et la fille de Vincent. De son côté, Lætitia apprécie ces journées de répit et va faire en sorte qu’elles se prolongent. Passons sur l’invraisemblance de la situation, c’est un conte ! Tous s’entendent si bien !

 

Rattrapé par la réalité

 

Mais Nuage veut aller au collège, vivre une vie d’ado. On va alors découvrir la situation de ces enfants « qui n’existent pas » officiellement. Mikado se croit méprisé par les siens, il est jaloux du professeur : « Tu veux me prendre mes enfants ? Ma femme aussi tant que tu y es ! » Vincent est abasourdi : « J’ai assez de mes problèmes, dit-il en substance (il est veuf et sa fille vit mal leur solitude) sans que vous m’apportiez les vôtres ! » Un jour, Mikado raconte en riant, une anecdote qui révèle à Vincent consterné (ainsi qu’à nous, spectateurs), ce que fut son enfance : les foyers de placement, les familles d’accueil maltraitantes parfois…Vincent discutant avec sa fille se demande que faire… Mikado devra cesser de fuir la réalité.

Quelques années après, Michaël (c’est le prénom de celui qui n’avait qu’un surnom… Et c’est en hébreu une profession de foi : Qui est comme Dieu). Michaël donc, dit le changement qui s’est effectué en lui, la colère l’a quitté. Il a eu un embryon de discussion avec sa mère pour essayer de comprendre. Se reverront-ils ?

Un film touchant qui effleure des problèmes graves sans misérabilisme et privilégie le dialogue. Et puis il y a, tout  au long, la chanson de Nino Ferrer : La rua Madureira, à la fois triste et douce, comme ceux que la vie n’a pas épargnés et qui sont vivants.

Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan

Un film de Ken SCOTT, avec Leïla BEKHTI, Jonathan COHEN et Joséphine JAPY.

 

Ce film, du réalisateur québécois Ken SCOTT, est l’adaptation du roman éponyme de Roland Perez. Esther Perez (Leïla BEKHTI, merveilleuse dans ses métamorphoses d’année en année) est la mère juive telle que la montrent les humoristes séfarades (les Pérez sont venus du Maroc). Toute dévouée à son fils, elle n’est jamais à cours d’arguments pour le défendre, et continue à se mêler de la vie de celui-ci devenu adulte, jusqu’à l’exaspérer… On la suit de l’âge de 35 ans environ (au moment de la naissance de Roland) jusqu’à sa mort. Elle va se consacrer à faire « advenir » son fils, tel qu’elle l’a rêvé. A la fac il rencontrera Litzy (Joséphine JAPY) la femme de sa vie dont il aura trois enfants. Il ignore que sa mère a manigancé ce mariage ! Il a du mal à quitter la maison de celle-ci, ne voulant pas la contrarier, et l’on comprend que cela agace Litzy ! Mais auparavant…

 

Handicap ? Quel handicap ?

 

Au début du film, Mme Perez, petite femme décidée, mère de cinq enfants, se rend à pied à la maternité, demandant au voisinage de prévenir son mari retenu par son travail. La naissance de Roland la laisse un instant désemparée :  Il a un pied bot. Elle ne comprend pas bot. « Pourquoi ?  L’autre pied est pas beau ? » C’est une femme simple dont la religion populaire s’approche de la magie.  Elle fait prier toute la famille « pour le pied de Roland » espérant un miracle ! Elle ne veut pas reconnaître la réalité du handicap. C’est ce qui m’a gênée d’abord. Son obstination à ne pas vouloir que l’enfant soit appareillé (car trois opérations n’ont pas suffi à redresser le pied) a retardé de plusieurs années sa socialisation. Elle a frappé à bien des portes de rebouteux, qu’elle appelle « docteurs » ! Le père, Maklouf (Lionel DRAY) finit par prendre l’initiative de conduire Roland chez un orthopédiste, car il faut bien qu’il aille enfin à l’école. Esther ne cède pas ! Les services sociaux s’en mêlent. Roland apprendra à lire chez lui, grâce à son frère Jacques et… À Sylvie Vartan (vous verrez comment) et finira par marcher, grâce à une installation qui mobilise toute la famille.

 

Des paroles performatives !

 

Esther voit avant tout en son enfant la plus belle merveille du monde.  Elle refuse l’apitoiement. Elle ne déviera jamais de ce projet : donner à Roland une vie d’enfant normal… puisqu’il est normal ! Ses paroles contredisent pourtant ce que tous voient (le professeur de danse par exemple !), Roland n ‘est pas comme les autres : il se déplace à travers la maison à plat ventre en s’appuyant sur les bras. Bien sûr, cela ne l’empêche pas de s’amuser et il est le chouchou de ses sœurs. Il n’empêche qu’il vit longtemps en vase clos. « Mais, lui dit Esther, tu marcheras, tu auras une vie magnifique mon fils, tu feras un beau mariage, tu auras de beaux enfants… » alors que tous le regardent avec commisération, pensant que son handicap l’empêchera d’être heureux.

Le film, après le roman, est une ode à l’amour maternel, indéfectible et inconditionnel : « Dieu ne pouvant être partout présent a inventé les mères. »

Un film à la fois émouvant et drôle, plein d’énergie. Les paroles d’Esther se sont révélées prophétiques, elles ont persuadé Roland qu’il marcherait sans appareillage, il n’en a pas douté, elles lui ont donné la force de croire en lui.  Une fois adulte et devenu avocat, il a gardé une petite claudication, mais il se doit de la nier… pour sa mère ! Dernière pointe d’humour de ce film touchant.

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