La Librairie Calvin a sélectionné pour vous

Séniors porteurs de fruits

Charles KOUYOUMDJIAN, Éditions Farel, 2024, 120 p., 12 €

« Séniors porteurs de fruits » aborde le thème du vieillissement dans une perspective chrétienne, avec le regard de la foi. L’auteur s’interroge sur un paradoxe qui semble se renforcer, entre l’allongement de l’espérance de vie d’une part, et d’autre part une difficulté pour les personnes âgées à avoir – ou à prendre – la place qui devrait leur revenir, dans la société comme dans l’Église. La réflexion est conduite de manière dynamique, sous forme d’exhortations, avec comme fil directeur les références bibliques au fruit, notamment au travers du Psaume 92 et du chapitre 15 de l’Évangile de Jean. Ce choix se révèle convaincant, et permet de recommander l’ouvrage non seulement aux séniors évidemment, mais au-delà à tous, accompagnants ou non, le lecteur se trouvant naturellement conduit à s’appliquer à lui-même cette réflexion-enseignement sur le fruit. Plusieurs pistes sont développées, certaines attendues, comme l’appel et le départ d’Abraham à 75 ans, ou encore les « pièges » de l’âge comme l’enfermement, les regrets, l’amertume, le déni, le centrage sur soi… D’autres pistes sont plus originales : la distinction entre le vieillissement du corps et celui du cœur, les sources possibles de « vies bloquées », la différence entre l’abandon et le détachement, ou encore l’insistance sur les fruits tels la foi, l’espérance et l’amour. Le style est simple et direct, le livre (presque trop) court, et le format se veut largement accessible, jusque dans le choix des grands caractères.

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En chemin vers Pâques !

L’individu, fin de parcours ?

Julien GOBIN, Éditions Gallimard, 2024, 304 p., 21 €

Dans cet essai, qui est en fait son premier livre, Julien Gobin, enseignant à l’IESEG (école de commerce de l’Université catholique de Lille), propose une analyse audacieuse de notre époque. Il décrit la civilisation qui selon lui est train d’apparaître, une société techniciste, issue des Lumières, mais qui paradoxalement en efface l’héritage : le libre arbitre de l’individu. Le piège dans lequel peut tomber facilement ce type d’ouvrage – la critique négative et nostalgique – est ici relativement bien évité. L’auteur interroge et tente de décrypter plus que de contester les évolutions qu’il observe. Il réfléchit à partir de deux forces antagonistes qu’il décrit : d’un côté « l’individualisme triomphant », et de l’autre le développement des sciences, des techniques et de l’intelligence artificielle, un développement qui tendrait à « reprendre » une part des libertés, de l’autonomie et de l’émancipation acquises et qui créerait un nouveau déterminisme. Au vu du thème exploré, l’ouvrage aurait pu se révéler assez indigeste. Mais bien qu’une certaine persévérance soit tout de même nécessaire pour aller jusqu’au bout du récit, la lecture est facilitée par une expression franche et directe, parfois même décomplexée, et par le recours tout au long du livre à la métaphore de la chenille, de la chrysalide, et du papillon, utilisée pour évoquer différents états de l’évolution de la société et de l’individu.

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