
Tableaux de l’exposition "Par Amour de la Terre" © EPUdF
Par Corinne BITAUD, chargée de mission écologie et justice climatique pour l’Église Protestante Unie de France (EPUdF).
L’éco-anxiété est définie par la psychologue Susan CLAYTON comme « une anxiété associée aux conséquences actuelles et à venir du changement climatique, du manque d’action à son égard et à l’incertitude quant aux conséquences anticipées ». Elle recouvre un ensemble d’émotions parfois contrastées : inquiétude, peur, colère, culpabilité… Mais aussi espoir, altruisme… Elle n’est pas considérée comme une pathologie mentale, mais comme une réaction normale face aux réalités. Toutefois, elle peut générer des angoisses pathologiques lorsqu’elle devient intense, voire exacerber des problèmes de santé mentale pré-existants.
Prendre soin de ses membres
En France, environ 80% des personnes, jeunes ou adultes, se déclarent inquiètes face aux changements climatiques. Une étude a révélé que 37% des 16-25 ans hésitent pour cette raison à avoir des enfants. Des psychiatres soulignent que ces émotions traduisent des questions existentielles : mort, responsabilité, isolement, sens de la vie. Elles appellent donc dans la plupart des cas non pas une approche thérapeutique mais une approche spirituelle. Et puisqu’on ne peut pas « guérir » de l’éco-anxiété, il faut apprendre à vivre avec elle.
L’Église est concernée dans son souci pastoral de prendre soin de ses membres, mais aussi dans sa théologie (de la création, de la justice), et jusqu’au cœur de son message (annonce du salut, rappel de la loi, proclamation de l’espérance). L’Église est également un lieu où un engagement collectif et de nouvelles solidarités sont possibles, par exemple au travers du programme Église verte et des actions diaconales.
Rendre témoignage au Royaume de Dieu
La théologie de la création a pris un nouvel essor : les éco-théologiens mettent notamment en avant une compréhension renouvelée du salut, incluant les non-humains et même les non-vivants dans une communauté de créés appelés au salut et à la réconciliation en Jésus-Christ (Épître de Paul aux Colossiens, chapitre 1, versets 12 à 23).
Avec Jacques ELLUL et avec de nombreux prophètes bibliques, l’Église a aussi quelque chose à dire sur les « idolâtries » écocides qui soumettent nos vies à d’autres puissances que celle de Dieu, et à propos des limites que Dieu pose à l’humain.
L’espérance en un Dieu fidèle « qui renouvelle toutes choses » permet de faire advenir une manière radicalement différente de vivre qui rend témoignage au Royaume de Dieu, dans une sobriété choisie et heureuse, et dans une fraternité élargie et solidaire.
L’EPUdF offre des ressources théologiques et pratiques : outils pour le culte, animations (par exemple l’atelier « Par amour de la Terre1 »), conférences, mais aussi des exemples d’actions paroissiales, et « Terre d’Espérance2 », un événement pour se retrouver en Église autour de la création. Toutes ces ressources sont disponibles sur les nouvelles pages web consacrées à ces enjeux.
1 « Par amour de la Terre » – Écologie et justice climatique
Pour aller + loin
Bible et écologie
De Didier FIÉVET
2019
La Nouvelle théologie verte
De Christophe MONNOT et Frédéric ROGNON
2021
L’Écologie, champ de bataille théologique
De Stéphane LAVIGNOTTE
2022
La Grâce du végétal
D’Otto SCHAËFER
2023
Vers une écologie intégrale
De Martin KOPP
2023