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La parabole des dix lépreux en BD
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Un récit mis en scène dans l’enluminure de l’évangéliaire d’Echternach
Parabole des dix lépreux (Codex aureus d’Echternach)
par Stéphane Griffiths, Eglise Protestante Unie de Poitiers
La guérison des dix lépreux est un des miracles de Jésus-Christ rapporté dans l’Évangile selon Luc au chapitre 17, versets 11-19. Il souligne l’importance de la foi personnelle mais aussi de la louange.
Ce récit a été mis en scène dans cette enluminure de l’évangéliaire d’Echternach datant du 11ème siècle (1020-1030) que nous vous présentons.
L’enluminure de l’évangéliaire d’Echternach (1020-1030) indique bien le plan en deux parties du récit. Comme dans une BD, deux vignettes : A gauche, la guérison des dix lépreux (11-14) et à droite le retour du Samaritain guéri pour dire merci (15-19). Les deux scènes sont séparées par la ville, indiquant que les deux épisodes se situent en dehors de la ville puisque nous avons affaire à des lépreux interdits d’entrer en ville, d’après la loi du Lévitique, une mesure de santé publique évidente.
Je tente une explication concernant les bâtiments : à gauche, au fond, le temple vers lequel Jésus les envoie, la perspective semble l’indiquer. A droite, le temple a disparu. Il n’est plus question de temple, de prêtres et de Loi mais de la grâce seule.
La cartouche est illisible malheureusement.
La vignette de gauche :
Une inscription les désigne comme étant les dix lépreux. Ils sont malades quand ils appellent Jésus. On les voit couverts de pustules et Jésus les bénit de sa main droite. Les deux doigts levés indiquent une bénédiction à la grecque de la tradition byzantine. Dans la tradition latine, le geste de bénédiction est caractérisé par le pouce, l’index et le majeur levés ensemble, symbolisant la Sainte Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit). Les deux autres doigts sont repliés, représentant la double nature du Christ (divine et humaine). C’est une forme courante dans l’art occidental et souvent associée aux représentations du Christ adulte, des saints et même de la Vierge Marie portant l’Enfant Jésus. La Vierge à l’enfant de Montserrat en est un très bon exemple.
Jésus est suivi d’un disciple, le témoin, l’évangéliste ? que l’on retrouvera dans la vignette de droite.
Toujours à gauche de l’image, dans sa main gauche (le bras replié vers le haut), Jésus tient ce qui semble être un manche de sceptre ou une sorte de bâton. Il ne s’agit pas d’un objet rituel tel qu’un livre ou un rouleau, mais plutôt d’un bâton symbolique, très probablement un sceptre. Ce genre d’objet est typique dans l’art ottonien pour marquer l’autorité ou la royauté spirituelle du Christ. La posture — main droite en geste de bénédiction, main gauche tenant le sceptre — correspond à cette iconographie christologique médiévale.
L’auréole de Jésus contient une croix. Dans son introduction du Guide de la Peinture, au paragraphe XLI, Denys de Fourna note : « Les Grecs, comme les Latins, entourent d’un nimbe et d’un nimbe crucifère la tête des personnes divines. Mais, chez nous (les peintres d’icône du XVIIIème siècle ?) les trois branches visibles de la croix du nimbe, quoique plus ou moins ornées, ne portent aucun signe emblématique. Chez les Grecs, au contraire, trois lettres sont peintes sur ces trois branches et forment les deux mots οων qui signifient l’être ; car Dieu est CELUI QUI EST, comme il le déclare à diverses reprises dans l’Ancien Testament. »
La vignette de droite :
A droite, les neuf tournent le dos à Jésus qui les a « envoyés se faire voir » par les prêtres conformément à la Loi. Ils sont bien guéris, les pustules ont disparu mais le dixième, lui, se retourne vers Jésus pour le remercier dans une posture d’adoration pour exprimer sa reconnaissance. Le geste de bénédiction de Jésus s’accompagne de la main gauche ouverte qui désigne le Samaritain (voir l’inscription au dessus de lui), l’étranger.
Pour l’évangéliste il s’agit de dire haut et fort que la guérison est pour tous, même pour les étrangers. L’universalité du message se retrouvera dans d’autres passages de l’évangile (la Samaritaine par exemple), dans les Actes (l’épisode de Corneille) mais cela traverse aussi tous les écrits de Paul, apôtre envoyé vers les non-juifs.
Les neuf lépreux qui tournent le dos à Jésus sont guéris mais sont-ils sauvés ?
L’ultime phrase du verset 19, Ta foi t’a sauvé ne s’adresse qu’au lépreux qui se tourne vers Jésus. Il souligne le rapport entre le miracle et la foi. Au-delà de la réalité physique, il y a l’effet spirituel. « C’est bien la foi, c’est à dire la confiance placée dans le pouvoir divin de Jésus qui, en dépassant la guérison physique, a sauvé le Samaritain». L’ordre de se relever, se traduit littéralement par « T’étant levé, marche ! ». C’est une invitation à une vie nouvelle. Il fait bien sûr référence au relèvement de la résurrection. On pourrait dire alors que pour le Samaritain, la guérison est complète.
Stéphane Griffiths
Si on s’adresse à des enfants, les inviter à écrire les bulles sur la BD
La prédication complète pour le 12 octobre 2025 est à retrouver sur le site de l’EPUdF, notes bibliques et prédications.
Image : https://utpictura18.univ-amu.fr/notice/17988-parabole-dix-lepreux-codex-aureus-dechternach