A bicyclette !

Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet

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Un homme d’une soixantaine d’années (Mathias Mlekus), montre à sa famille et à ses amis réunis sur l’herbe, au bord de l’océan, les photos du livre que son fils Youri a réalisé après un voyage à vélo qui l’a mené à Istanboul, cinq ans auparavant. Youri s’est donné la mort il y a un an. Cette réunion a lieu en son souvenir. et son père annonce sa décision de refaire ce voyage à vélo, pour son fils, pour être avec lui, pour essayer de comprendre et en faire un film pour qu’il vive encore… Son pote de longue date ( Philippe Rebbot) part avec lui.

Une fiction…

…qui est vraie ! Les acteurs jouent en fait leurs personnages et leur situation dans la vie réelle. Mais la présentation que les deux hommes font d’eux-mêmes montre que ce projet de voyage (même avec des vélos électriques!) n’est guère réalisable : ils ne sont pas sportifs, l’un est en surpoids, l’autre est un fumeur invétéré et lève un peu trop le coude. Ils connaissent leurs limites. Mais ils sont déterminés… Pourtant dès les premiers kilomètres, Philippe essoufflé proteste : «  Quand tu m’as dit on va prendre une piste cyclable, j’imaginais une espèce de truc plat qui traverse l’Europe».

Le spectateur comprend que cette aventure à vélo sera à demi rêvée : on verra certes les deux lascars sur leurs vélos dans diverses situations plaisantes (ou presque dramatiques, mais pas trop!) mais  leurs machines seront le plus souvent transportées, en camion, en train… D’ailleurs, on voit  le petit chien de Mathias affublé de lunettes de soleil (genre Milou!) posé sur le porte-bagage du vélo, dans le panier ouvert, comme s’ils allaient juste faire une petite balade .

Des moments cocasses

Commentaires faussement naïfs devant la première petite chapelle, dont  la grille est fermée. La caméra  les filme depuis l’intérieur du petit édifice, si bien qu’ils semblent des prisonniers dont les mains s’accrochent à la grille !  Numéro de clowns, lorsque tous deux miment l’étonnement de Joseph apprenant de Marie la nouvelle de la future naissance… D’ailleurs, tous deux ont dans leur poche un nez rouge et ils ont préparé un ou deux numéros qu’ils présentent sur leur passage comme des baladins… Moment comique également, dans un airbnb en Autriche, avec un téléphone qui traduit hors contexte les consignes de la jeune femme qui est propriétaire des lieux. Leur surprise au moment du plongeon dans le lac…Les deux au bain turc et autres moments drôles.

Des moments touchants

… lors de pauses plus ou moins alcoolisées : les deux hommes montrent leur fragilité, leurs doutes. Il se consolent l’un l’autre, parlent de la vie à travers la mort… Mathias voit partout des signes de son fils, l’initiale de son prénom Y dans la fourche des feuillages des arbres. Comme le dit  Philippe, les signes se manifestent lorsqu’on leur a préparé un nid. Et puis comme dans tout bon road-movie, il y a du danger… auquel ici on ne croit qu’à moitié ! (ils se perdent dans une forêt). Enfin ils atteignent le but qu’ils s’étaient fixé. Rencontre émouvante avec la dernière amie que Youri a fréquentée. Rencontre avec le frère de Youri … Les deux darons déambulent dans les rues d’Istamboul en donnant chacun la main au jeune homme qui est  gêné d’être entre eux comme un petit garçon, entre papa et tonton !

Un film simple, avec de belles chansons, de belles vues, des personnages secondaires aussi plaisants que les deux protagonistes. La vie continue, joyeuse  malgré la mort : drolatique et émouvant à la fois,