Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau

Un film de Gints Zilbalodis, 1h25, animation.

Le film qui m’a plu

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Par Roseline Cayla, Église protestante unie d’Angers-Cholet

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C’est le deuxième film d’un jeune réalisateur et animateur letton, Gints Zilbalodis. Matiss Kaza, letton lui aussi et tout aussi jeune, en est le producteur.

 

Tenter de survivre

 

Je ne trouve pas d’adjectif pour qualifier ce film d’animation : époustouflant ! J’ai tout de suite été en empathie avec ce petit chat qu’une inondation gigantesque (on voit avancer l’immense vague du tsunami dont le bruit se confond avec le galop des cerfs) entraîne dans des péripéties hors du commun ! Il se comporte, non comme un chat de conte, mais comme un chat véritable, c’est sans doute ce qui le rend si attachant (le réalisateur dit s’être inspiré d’un chat qu’il a eu lorsqu’il était lycéen !).

 

L’humanité semble avoir disparu, mais elle a été là il n’y a pas si longtemps : on en voit maintes traces, comme ces énigmatiques statues d’animaux sur les collines et ces majestueux bâtiments que les eaux sont en train de noyer. Flow tente de survivre alors que les eaux continuent inexorablement de monter tout autour de lui. A-t-il eu un maître un jour ? Il y a une belle maison avec un jardin, mais ses habitants en sont partis on ne sait où. Peut-être avaient-ils été avertis de la venue de la catastrophe. Maintenant il continue de pleuvoir sur la campagne qui est d’une beauté insensible au malheur des êtres. Il pleut sur les bâtiments magnifiques de la ville lointaine qui s’enfonce peu à peu, telle une Venise orientale. Maintenant ce chat est seul, et il miaule, espérant un secours dans l’immensité du désastre. Il saute d’un endroit encore hors de l’eau à un autre, à mesure que l’eau monte, mais bientôt il est dans l’eau !

 

Affronter l’eau

 

La personne qui m’accompagnait, atteinte d’un handicap psychique, a résumé à sa façon l’aventure racontée : « C’est un chat qui est dans l’eau ! » Les chats sont connus pour ne pas aimer l’eau et Flow va vivre ce qui est pour lui le pire des stress : affronter l’eau, sans aucun humain pour le secourir. C’est ce qui a frappé cette personne.

 

Ce petit chat trouve refuge sur une barque à voile, où se réfugient aussi d’autres animaux (comme dans l’arche de Noé… mais avec plus d’improvisation !) : un labrador sympathique mais qui se fait mal comprendre, un capybara, sorte de gros rongeur, toujours fatigué, un lémurien curieux, toujours à la recherche de quelque objet à joindre à son trésor, et un grand échassier qui boîte : un serpentaire blessé par un rival ! Dans la réalité ces animaux ne vivent pas tous sur le même continent, choix sans doute voulu pour donner un côté universel à ce conte. Réunion improbable mais qui finira par fonctionner, quand la peur de l’autre aura fait place à l’entraide, lorsqu’ils se rendront compte, c’est le cas de le dire, qu’ils sont dans le même bateau.

 

Lutter ensemble

 

Dans ce monde d’après la catastrophe, il s’agit de survivre. Luttons ensemble et non les uns contre les autres ! À un moment, l’oiseau emporte le chat entre ses serres et tous deux s’élèvent vers la montagne, vers le soleil… comme s’ils allaient au paradis, mais bientôt Flow redescend sur terre, si l’on peut dire.

 

 

Il y a bien d’autres choses à découvrir dans ce film où la catastrophe reste belle ! L’eau emporte tout, les arbres immenses craquent et s’effondrent sous nos yeux mais la beauté partout demeure et la vie continue. La nature n’est ni bonne ni mauvaise, c’est ainsi, il y a des inondations, l’eau doit s’écouler, elle ne veut de mal à personne. Le film ne dénonce qui ou quoi que ce soit, il constate la grande inondation, il décrit. Il faut vivre encore et toujours, malgré tout ce qui arrive. À vrai dire, on voit que tous les groupes animaux ne se comportent pas de la même façon ! Sur un rocher, on aperçoit un clan de lémuriens qui se sont dotés de couronnes et couvre-chefs : couvercles ou autres instruments qu’ils ont récupérés ! Ils vivent serrés les uns contre les autres, regardant passer le bateau. On voit aussi au loin, toujours le passage de la harde de grands cerfs au galop. À un moment ils ont formé un grand cercle, au centre duquel se trouve le chat apeuré que l’eau a rejeté sur le rivage. Scène étrange.

 

Toutes les images donnent à réfléchir. Un film inoubliable et que j’ai envie de revoir.  Au-delà de toutes choses, il montre la vitalité de la nature sauvage et la splendeur de la vie.

 

 

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