Par le pasteur Pierre Blanzat, responsable du Service des Relations avec les Églises Chrétiennes (SREC) de la Fédération protestante de France.
Article publié dans son blog « Passerelle œcuménique »,
https://passerelle-oecumenique.org/

La Sixième Conférence mondiale de Foi et Constitution s’est achevée mardi 28 Octobre 2025, comme de coutume par l’adoption d’un message – ou plutôt de deux messages- en guise d’appel mais aussi de témoignage de 5 journées très intenses.
Le premier message est un texte exhortatif court intitulé » Appel à l’ensemble des chrétiennes et des chrétiens » que nous publions en intégralité.
Le second se présente sous la forme d’une « affirmation œcuménique » intitulée « Approfondir l’unité, cheminer dans l’amour, restaurer l’espérance ». Ce texte nettement plus long (une dizaine de pages) reflète de manière plus détaillée le fruit de cette 6ème conférence mondiale. https://passerelle-oecumenique.org/?p=426
Appel à toutes les chrétiennes et tous les chrétiens
Frères et sœurs bien-aimés en Christ, pour marquer le 1700ᵉ anniversaire du Concile de Nicée, la Sixième Conférence mondiale de Foi et Constitution s’est réunie en Égypte, sur la terre où la Sainte Famille a trouvé refuge et d’où le Seigneur a appelé son Fils (Osée 11,1; Matthieu 2,15). Bouleversé-e-s par l’hospitalité généreuse de l’Église orthodoxe copte, nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Sa Sainteté le pape Tawadros II, aux évêques qui l’entourent et à tout son peuple pour leur accueil chaleureux. Nous avons été très impressionné-e-s par le témoignage et la mission de l’Église orthodoxe copte, non seulement de nos jours, mais aussi au fil des siècles. Nous rendons hommage à cette terre ancienne où tant de générations ont vécu et respiré en remettant leur existence à Dieu. Nous avons conscience qu’ici, en Afrique et au Moyen-Orient, comme dans d’autres régions du monde, de nombreuses personnes, notamment chrétiennes, sont aujourd’hui persécutées et subissent d’horribles violences ; leur survie est menacée, elles sont déshumanisées et leurs droits humains sont totalement méprisés. Dans un monde marqué par la division et les clivages, par la violence et les guerres, par l’apathie et la complicité face aux injustices qui en résultent, l’appel du Christ à l’unité (Jean 17,21) reste aussi urgent que jamais.
Nous nous réjouissons que les travaux menés par Foi et constitution au siècle dernier aient révélé que nous sommes plus en accord qu’en désaccord sur de nombreuses questions. Face à une désunion qui perdure, la sixième Conférence mondiale poursuit le cheminement œcuménique vers l’unité visible. S’appuyant sur l’héritage des conférences de Foi et constitution précédentes, de Lausanne (1927) à Saint-Jacques-de-Compostelle (1993), cette rencontre reflète les progrès accomplis et l’appel persistant à incarner la prière du Christ : «que tous soient un» (Jean 17,21).
- Nous partageons une même foi en Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit, qui nous unit par-delà le temps et les traditions. La foi trinitaire ne se résume pas à un héritage à préserver ; c’est une eau vive qui s’offre par nos paroles et par nos actes. Il ne nous est pas seulement demandé de croire, mais de cheminer aussi par la foi (2 Corinthiens 5,7) : de mener des vies d’espérance, d’amour et de transformation en vue de la guérison et de la réconciliation des nations et de la bonne création de Dieu.
- La mission est enracinée dans l’identité même de l’Église, qui a pour tâche de proclamer l’Évangile. Or, la foi du Symbole de Nicée n’est pas centrée sur elle-même : elle nous rappelle que l’Église existe pour être envoyée dans le monde. Dans certaines Églises, la mission s’est mêlée à des histoires d’esclavage, de colonialisme et de pouvoir. C’est pourquoi elle doit être marquée, à notre époque, par le repentir et par une réorientation vers la décolonisation et vers la justice, la réconciliation et l’unité.
- L’unité est plus qu’un accord : c’est une communion. Enracinée dans le baptême, exprimée dans la prière partagée, l’unité commence à être visible lorsque nous vivons ensemble, progressant vers le partage de l’Eucharistie et la reconnaissance de nos ministères respectifs. L’unité commence également à être visible lorsque nous vivons ensemble de manière à incarner la foi, l’espérance et l’amour ; non pas isolément, mais en solidarité avec les personnes marginalisées du fait de leur genre, de leur race, de leur pauvreté, de leur handicap ou de la dévastation de l’environnement. Le Symbole de Nicée, ancien mais toujours nouveau, nous rappelle que nous partageons un don et une vocation à tendre vers l’unité pleine et visible; une unité que Foi et constitution s’efforce de rendre visible dans la vie de l’Église en recherchant une entente plus profonde et une doctrine unanime.
Quels horizons pour l’unité visible? Au fil de ce cheminement constant, voici notre appel : réaffirmer l’importance que nous attachons à la foi, à la mission et à l’unité en Jésus Christ; écouter ensemble l’Esprit Saint; et faire route ensemble, en pèlerins, en enfants du Père apprenant ensemble à incarner leur foi, leur espérance et leur amour et à pratiquer la justice, la réconciliation et l’unité. Aspirons à vivre l’unité pour laquelle le Christ a prié, afin que le monde croie et connaisse les dons de Dieu que sont la guérison, la justice et la vie en abondance.