Dans La forme des prières ecclésiastiques, Jean Calvin décrit le déroulement d’un culte de dimanche. Après l’ouverture, la confession des fautes et des péchés et le chant de quelque psaume, on poursuit ainsi :
« Puis le Ministre commence à nouveau à prier pour demander à Dieu la grâce de son saint Esprit, à fin que sa Parole soit fidèlement exposée à l’honneur de son nom et à l’édification de l’Église, et qu’elle soit reçu en telle humilité et obéissance qu’il convient. La forme est à la discrétion du Ministre. »
Après le sermon, suit une longue prière d’intercession qui précède la célébration éventuelle de la Cène.
Un appel à l’Esprit saint pour une Parole vivante
L’expression « prière d’illumination » est propre aux protestants, mais la pratique d’une invocation qui prépare à recevoir droitement le message biblique est bien plus ancienne. La « lectio divina », grande tradition de prière personnelle à partir des Écritures, préconise de commencer par invoquer l’Esprit Saint. Le prédicateur Jean Chrysostome (vers 347-407) utilise même le mot « illumination » dans cette prière destinée à un usage privé :
« Ô Seigneur Jésus-Christ, ouvre les yeux de mon cœur, afin que je puisse entendre Ta parole et comprendre et faire Ta volonté… Car (Toi mon Dieu) Tu es l’illumination de ceux qui se trouvent dans les ténèbres, et de Toi viennent toute bonne action et tout don. » fr.aleteia.org
La particularité de la proposition de Calvin est double : la demande est faite lors du culte public et concerne aussi bien l’orateur que l’assemblée, et elle sollicite explicitement l’aide de l’Esprit Saint. Pour autant que j’ai pu m’en rendre compte, toutes les liturgies chrétiennes font précéder la lecture du texte biblique par une prière ou une acclamation. Toutefois, l’invocation de l’Esprit Saint à ce moment est une particularité qui trouve son origine dans l’importance que Jean Calvin donna au témoignage intérieur de l’Esprit Saint, seul à nous permettre d’accéder au vrai sens existentiel des paroles écrites.
Dans la liturgie réformée de 1996, dite la « jaune », l’introduction de la prière d’illumination témoigne d’une claire distinction entre le texte écrit et la Parole vivante de Dieu.
« Nous prions Dieu avant de lire les Écritures, afin qu’elles deviennent pour nous Parole de vie. »