Le château de Talcy dans le Loir-et-Cher

Après avoir visité le magnifique château de Blois*, arrêtez-vous à Talcy, la grandeur et les misères de la France y font place à la France rurale et tranquille. Car le château de Talcy a un petit air de province à côté du château royal de Blois. Il a un charme fou et il est rempli d’histoire… protestante.

Le château de Talcy © Claudie de Turckheim

Une idée de promenade

Par Claudie de Turckheim, Église protestante unie de Saintes-Cœur de Saintonge

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C’est en 1517 que Bernard Salviati, banquier florentin et ami de Catherine de Médicis, acquiert le château de Talcy. Sa fille, Cassandre, inspirera Ronsard qui lui dédicacera son célèbre poème : « Mignonne, allons voir si la rose… ».

 

© Claudie de Turckheim

Dans la tourmente de la Réforme

 

Dans le Blésois, la Réforme connaît ses débuts en 1526, les premières Églises protestantes s’accompagnent de persécutions et Catherine de Médicis essaie de ramener la paix au profit de Charles IX. Elle organise une rencontre, L’entrevue de Talcy, qui réunit Charles IX et Henri d’Albret, le futur Henri IV d’un côté, et le prince de Condé de l’autre. Mais ce dernier se sent piégé. Les Huguenots essaient de s’emparer de Catherine de Médicis et du jeune roi qui réussissent à fuir vers Châteaudun.

 

Quelques années plus tard, les guerres de religion faisant rage, Agrippa d’Aubigné, calviniste et ami d’Henri IV, échappe de peu au massacre de la Saint-Barthélemy et vient se réfugier à Talcy. Il est amoureux de Diane, nièce de Cassandre. Mais Diane, après avoir été séduite par le personnage, le repousse. Il lui dédie un poème, le Printemps, alors qu’il participe au siège de La Rochelle. Soldat mais néanmoins amoureux.

 

En 1779, Élisabeth Gastebois, protestante, veuve et mère de trois enfants, vit à Paris et achète le château comme maison de campagne. Mais au lendemain de la prise de la Bastille, les habitants se saisissent du chartrier et brûlent quelques livres et les titres de propriété ; ils se saisissent des grilles du jardin pour fabriquer des armes. Néanmoins, la citoyenne Gastebois traverse la Révolution sans mal.

 

Un centre intellectuel

 

Philippe Albert Staper, fils de pasteur, et son épouse Marie-Madeleine s’installent à Talcy en 1828. Ils sont de nationalité suisse. Philippe Albert est écrivain, théologien et homme politique. Le couple y reçoit un cercle d’intellectuels : Benjamin Constant, Mme de Staël…

 

Leur fils Albert est journaliste au Globe, opposé aux idées de Charles X. Il participe aux Trois Glorieuses et rédige avec Thiers, Ampère, Mérimée une protestation et monte sur les barricades.

 

Lors de l’invasion par la Prusse, Albert est obligé de céder une partie du château aux troupes du général Chanzy, mais bien vite les Prussiens occupent Talcy.

 

© Claudie de Turckheim

Les descendants Staper vendront le château à l’État en 1933. En 1943, la bibliothèque du château hébergera les archives du Parlement, évacuées de Paris.

 

Le château aujourd’hui

 

Ce château respire des vestiges du passé. Mobilier, décoration, tapisseries évoquent l’histoire vécue : des chambres dédiées à Charles IX, Catherine de Médicis, au général Chanzy, une enseigne de temple protestant au-dessus d’une cheminée, des photographies de pasteurs (Albert était un daguerrotypiste réputé), des bibles dans les rayonnages. Une mention spéciale pour la salle à manger où la table dressée attend l’arrivée des invités illustres, pour les toiles murales datant du XVIIIe siècle et pour les jardins.

 

 

Adresse : Château de Talcy, 41370 Talcy.

 

Horaires : du 2 mai au 4 septembre, 9h30-12h30 et 14h-18h ; du 5 septembre au 30 avril, 10h-12h30 et 14h-17h. Fermé le mardi. Fermeture exceptionnelle 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Dernier accès 60 mn avant la fermeture. Fermeture exceptionnelle à 16h les 25 décembre et 1er janvier.

 

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* Voir l’article Le château royal de Blois paru sur ce site.

 

** Le daguerréotype est un procédé photographique mis au point par Nicéphore Niépce et Louis Daguerre. Il produit une image sans négatif sur une surface d’argent pur, polie comme un miroir, exposée directement à la lumière.

 

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