Écriture inclusive : réactions…

COURRIER DES LECTEURS - Suite à l’édito* paru la semaine dernière sur l’écriture inclusive, nous vous livrons quelques réactions de lecteurs.

Pour

 

Je me permets de faire quelques remarques sur l’écriture inclusive, car c’est un sujet qui m’intéresse dans la mesure où c’est une belle initiative pour essayer que la langue ne divise pas la moitié de la population.

 

Je trouve intéressant le fait d’en parler, mais je me rends compte bien souvent que les personnes n’ont pas toujours une idée très claire de ce que cela recouvre.

 

Par exemple, pour beaucoup de personnes ce n’est qu’une lubie car le masculin est le neutre en français. Ces personnes pensent donc que tout le monde est représenté. Or des études scientifiques ont montré qu’un tel neutre n’existe pas, cela demande un saut intellectuel pour imaginer que des femmes sont présentes parmi les « ils ». Il suffit de voir nos textes bibliques, quand on parle de disciples, on pense (moi le premier) qu’il n’y a que des humains hommes. J’invite à regarder cette vidéo de Scilabus (qui est une vulgarisatrice scientifique), qui expose entres autres cette question du « faux » neutre.

 

Par ailleurs, l’écriture inclusive ne se résume pas au point médian, qui en fait n’est pas trop difficile à lire avec l’habitude, mon œil saute au mot d’après. Mais j’utilise souvent le féminin et le masculin qui permettent de ne pas avoir recours au point médian, comme par exemple les étudiants et les étudiantes.

Pour ce qui est des accords, je n’utilise pas non plus le point médian, je fais souvent l’accord de proximité (et dans certains cas celui de majorité), car il n’y a aucune raison linguistique que le masculin l’emporte (c’est une mesure très récente au point de vue de la langue (de ce que je m’en souvienne). Par exemple je dis : le coq et les poules sont belles, ou les poules et le coq sont beaux. Je teste et je garde souvent la façon la plus fluide.

 

Pour finir, il faut se rappeler qu’une langue est vivante, on fait des essais, on corrige, on prend le meilleur, ce qui s’impose. L’Académie française et notre président n’ont aucune autorité là-dessus. L’Académie ne comportant aucun linguiste, aucun historien ou historienne des langues, leur avis n’est pas normatif. D’autant qu’ils et elles appellent à conserver un état de la langue qui n’a jamais existé. Il suffit de regarder nos vieilles Bibles dans nos temples pour voir que l’on ne parle plus le même français (lire ce manifeste sur la question) et je trouve cocasse que l’Académie française refuse l’écriture inclusive alors qu’elle refuse aussi les réformes de simplification de l’orthographe et de la grammaire.

 

Je défends donc une écriture inclusive qui essaye, qui ne normalise pas, qui laisse une grande liberté de création, d’usage. Une langue est faite pour s’en servir ! L’important est ce que l’on dit plus que la manière dont on le dit.

 

Élie Lafont

Contre

 

Oui, l’écriture inclusive met en péril notre belle langue, celle de Molière, Voltaire, Hugo, de Péguy et de Pagnol (ça c’est pour mes racines provençales) et surtout notre place comme « phare » de la Francophonie. L’Académie française a raison comme notre Président, et d’ailleurs la grande majorité de la presse sérieuse s’en dispense. Aussi, je ne comprends pas pourquoi la presse régionale protestante semble aujourd’hui l’imposer… et la rédactrice en chef fait bien d’en limiter les folies grammaticales et lexicales (qui gênent d’ailleurs beaucoup les dyslexiques). C’est pour moi un tropisme d’activistes féministes ou de gauche, souvent issus des villes et des classes sociales les plus privilégiées ou de militants de partis, de syndicats ou association très à gauche… ce que j’espère notre Église n’est pas !

 

Personnellement, je ne féminise que quelques rares fonctions, et préfère le « Madame le Ministre » à « Madame LA Ministre ». Et comme on l’a tous appris à l’époque où les professeurs enseignaient correctement le français, je suis pour que demeure la règle du « masculin qui l’emporte sur le féminin » et du « masculin » comme genre neutre ou forme du pluriel.

 

Je lis au moins un livre (roman ou essai) par semaine, un quotidien plus souvent un national par jour ou un titre de la presse sportive, plus nombre de revues mensuelles d’Histoire, d’Art ou de Cinéma… et heureusement que le charabia inclusif n’y est pas présent : le jour où – par idéologie politique – on généralisera l’usage de l’écriture inclusive, je n’achèterai plus les supports écrits de cette propagande d’essence assez franco-française… mais avec plus de 10.000 livres chez moi et presque autant de BD, je pourrai continuer à lire de la bonne et vraie Littérature !

 

Luc Serrano

 


 

J’aime beaucoup cet édito, en plus l’écriture inclusive exclut ceux qui ont déjà des difficultés de lecture (comme les dyslexiques… pour moi, c’est un enfer !).

 

Mélanie Pérès

 

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