Un culte pour trois et Dieu pour tous

Premier culte du dimanche 24 janvier © DR

Novembre 2020 : des rassemblements de croyants sur le parvis des églises demandent le retour des célébrations religieuses. « Rendez-nous la messe !» scandent-ils.

Alors que depuis plusieurs semaines (et pour de longs mois encore) les lieux culturels, les théâtres, les opéras, les cinémas, les bibliothèques et les maisons de quartiers, les musées et leurs expos restent contraints aux portes closes, aux allées désertes, aux sièges vides, aux coulisses, scènes et loges éteintes, le gouvernement autorise finalement la réouverture des lieux de culte pour le 29 novembre.

Un banc sur deux et une place sur trois

Le pasteur que je suis à Angers a reçu cette nouvelle avec surprise et un brin de malaise : comment justifier ce choix, comment accepter un rassemblement d’individus à qui l’on empêche, dans le même temps, de se réunir en d’autres lieux ?
Mais voilà : le culte nous est « rendu »… si tant est qu’on nous l’ait pris.
Le 1er dimanche de l’Avent au temple d’Angers, le culte sera donc célébré en présence de l’assemblée : un banc sur deux et une place sur trois.
Comment accueillir les 70 à 90 personnes habituées au culte dominical, dans une disposition raisonnablement limitée à une quarantaine de personnes ?

Un culte triplé

L’idée d’un « concentré » de culte, triplé au cours de la matinée du dimanche, a germé.
Accueillir trois événements successifs adaptés selon l’assemblée demande endurance au célébrant et à la personne chargée de la musique. Cela demande aussi un peu de compréhension de la part de l’assemblée (lors de son entrée comme de sa sortie) et quelques ajustements pratiques.
L’exercice d’un culte court est intéressant : Que conserver dans la liturgie ? Que réduire ? Qu’adapter ? Faut-il tout dire ? Quels repères maintenir, à quelles libertés nous ouvrir ? Aurions-nous pu être encore plus créatifs ?…
L’exercice d’une succession de trois cultes est également intéressant : comment éviter l’impression de cultes en série répétés mécaniquement –Les trois messes basses, vous connaissez- ? Comment laisser la possibilité à l’assemblée de s’approprier ce temps, la faire réagir afin de lui permettre de personnaliser la rencontre vécue ? L’assemblée, moins nombreuse, accepte-t-elle facilement d’entrer en dialogue avec le célébrant ?…

Un besoin de se tenir en présence

Trois cultes, c’est souple et c’était justifié en temps d’Avent : en moyenne cinquante-cinq personnes -jamais les mêmes- y ont assisté chaque dimanche.
Depuis janvier, une baisse de ce chiffre est observée. Pour un pasteur et un Conseil presbytéral qui souhaitent donner à entendre la Parole dans la proximité et le vis-à-vis, cette expérience fait suite à celle des cultes de maison vécus dès le mois de mai lorsque nous pouvions nous retrouver.
Elle donne le signe d’un besoin évident de se tenir en présence (qui oserait en douter ?!), dans la simplicité d’un espace et d’un temps partagés.
Demain : d’autres contraintes ? Toujours la même assurance : le Seigneur nous rassemble, en Son temps, par Sa Grâce.

Pasteur Loïc de Putter,
Église protestante unie d’Angers Cholet

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