Le wokisme, réveil ou menace ?

Ce verbe irrégulier (wake, woke, woken, éveiller) nous l’avons appris sans savoir qu’à notre majorité il deviendrait une source intarissable de conflit dans le débat philosophico-politique.

Question d'actu

Quand Blake Lives Matter relance le wokisme © Pixabay

Par Stéphane Griffiths

 

Ceux qui n’aiment pas le concept disent comme Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, qu’il divise et qu’il est une menace pour l’unité républicaine. D’autres l’aiment bien.

 

Se réveiller

 

Se réveiller, quoi de plus mobilisateur ? Chez nous chrétiens, on parle de réveil pour dire des périodes de l’histoire où la foi prend un nouvel élan. Notre « À Toi la gloire » a été écrit dans ce mouvement et se réveiller, c’est aussi ressusciter.

Alors, revenons aux sources. Martin Luther King dans une prédication de 1965, disait aux étudiants de l’université Oberlin (dans l’Ohio) de rester « éveillés » « pendant la grande révolution » et à « être une génération engagée ». Et le mot a rebondit plus tard avec le mouvement Black Lives Matter et le meurtre de Georges Floyd.

Selon la définition du Petit Robert de la langue française :  » wokisme [wokism] nom masculin 2020, de woke anglicisme (souvent péjoratif). Courant de pensée d’origine américaine qui dénonce les injustices et discriminations ; mouvement, pensée woke « .

 

Et faire bouger les choses

 

Les termes woke ou wokisme est donc péjoratif, dit le Robert. Forcément il est principalement utilisé par les détracteurs de ce mouvement de réveil. La droite conservatrice a fait du woke sa tête de turc. Quand on est woke, on se réveille, on veut faire bouger les choses. Être woke, c’est reconnaître qu’on a au fond de nous un vieux fond raciste et xénophobe, que les hommes mâles sont un peu quelque part machistes, qu’hommes et femmes hétéro-genrés ont un coté homophobe, qu’il y a au fond de nous des restes de colonialisme, que face au réchauffement climatique, on a des difficultés à changer de comportement et qu’on partira quand même en vacances en avion à l’autre bout du monde*. Le reconnaître, c’est déjà se réveiller dans une confession qui augure d’une conversion en profondeur.

Je suis woke et fier de l’être !

 

* De même que le péril politique actuel tient plus à la percée de l’extrême droite populiste et raciste qu’à l’émergence d’un wokisme largement fantasmatique, le péril environnemental a moins à voir avec l’activisme irrationnel d’une jeunesse éco-anxieuse qu’avec l’incurie de nos élites.  (Stéphane Foucard, Le monde 9 juillet 2022)

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