Une bénédiction qui nous interroge

Le 18 décembre, une déclaration doctrinale approuvée par le Pape ouvrant la bénédiction à des couples " irréguliers " (terme utilisé dans la déclaration parue sur le site VaticanNews) a surpris le monde chrétien, catholique mais aussi protestant. Françoise Giffard nous fait part de sa réaction à cette annonce.

 

Par Françoise Giffard, Église protestante unie d’Angers Cholet

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Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre sur RCF que la bénédiction des couples homosexuels (et aussi des divorcés) était désormais autorisée par le Vatican !

Lors de la décision du synode de l’Église protestante unie de France (EPUdF) de 2015 sur le sujet qui a été une pomme de discorde entre protestants, j’étais loin de me douter que le Pape allait valider lui aussi la bénédiction des couples homosexuels si peu d’années après. Les choses sont-elles devenues si simples ?

 

Oui mais…

 

J’ai lu avec attention ce qu’en a dit la presse : oui, mais. Il y a des conditions ! Et c’est là que ça devient intéressant. Bénédiction pleine et entière oui. MAIS à distance d’un rite d’union civile, pas de liturgie, pas au cours d’une messe, pas de vêtements de fête… Bref rien qui puisse être de l’ordre de la ritualité pour « ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au mariage », précise le document officiel. Comme je louais le courage du Pape dans cette annonce auprès d’un de mes amis homosexuel marié civilement et se sentant malgré tout catholique, il m’a répondu que ce n’était qu’un tout petit pas. Ce qu’il voudrait, lui, c’est un vrai rite.

 

Et chez les protestants ?

 

En protestantisme, le mariage n’est pas un sacrement. Là-dessus tout le monde semble d’accord. Notre liturgie officielle précise d’entrée de jeu que le mariage a été réalisé à la mairie et que là, il s’agit d’une bénédiction sur l’union réalisée. Mais dans le fond est-ce que c’est ce que l’on pense vraiment ? Juste une bénédiction ? Et alors pourquoi y a-t-il eu tant de remous après 2015 ? Ou quand même un peu plus ? Car même s’il n’y a pas sacrement, il y a rite. Et peut-être la vraie question est là : nos célébrations de mariages protestantes valent-elles par la bénédiction offerte ou surtout par le rite proposé ? Que viennent chercher ceux qui en font la demande ? Quel sens y donnent-ils ? Quel sens y donnons-nous ?

 

Éclaircir le sens de nos pratiques

 

Je me souviens d’avoir co-présidé une bénédiction de mariage avec un pasteur qui n’était pas de l’EPUdF. J’avais commencé la célébration en précisant qu’il s’agissait de la bénédiction du mariage contracté à la mairie. Mais l’autre pasteur, après avoir prononcé la bénédiction sur les mariés, a lancé un joyeux « Ça y est ! Ils sont maintenant mariés ! ». Je me suis interrogée…

Le Pape a très bien analysé le risque d’ambiguïté d’une bénédiction lors d’une célébration et a tout de suite mis des barrières claires pour que la bénédiction proposée ne soit pas rite.

 

Je pense qu’il serait bien qu’on en profite pour éclaircir le sens de nos pratiques : simple bénédiction ? Rite de passage ? Ou les deux ? Et peut-être que si tous les protestants ensemble se posaient la question, peut-être qu’on se comprendrait mieux et que cela apaiserait certains débats.

 

 

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