Utilisation abusive de la Bible

© The White House from Washington, DC

Le 1er juin dernier, au plus fort des manifestations antiracistes, Donald Trump a fait disperser une poignée de manifestants pour poser Bible en main devant l’église St-John. Une image qui a fait vivement réagir.

La visite surprise de Donald Trump devant l’église St-John à Washington, lundi 1er juin, a fait couler énormément d’encre. Tandis que plusieurs manifestants sont rassemblés, pacifiquement, devant la Maison-Blanche, des renforts de « police militaire » arrivent. Des gaz lacrymogènes dispersent la foule. Le président des États-Unis sort de la Maison-Blanche, à pied. Il traverse la place et se rend devant l’église St-John, édifice appartenant à l’Église épiscopalienne américaine. Devant les caméras en direct, il brandit une Bible, puis prend la pose devant les photographes avec ses ministres de la Défense, de la Justice et son chef d’état-major.

Réactions internationales

Ces images ont fait réagir aux États-Unis, mais également partout autour du monde. Pour la théologienne protestante allemande Margot Kässmann, cette mise en scène est « contraire aux enseignements de Jésus ». L’ancienne évêque allemande poursuit dans sa chronique hebdomadaire du Bild am Sonntag : « Donald Trump aurait pu se mettre a? genoux dans l’église avec la Bible pour prier. Au lieu de cela, il l’a utilisée pour poser devant les caméras. » Elle conclut sa chronique en rappelant que, dans l’histoire, les Églises « ont souvent échoué, en concluant des accords avec les puissants et en autorisant ou même en approuvant la violence ». Or, on ne peut lire dans le message de Jésus aucune légitimation de la violence.

Visées électoralistes conservatrices

Pour Philippe Gonzalez, enseignant à l’université de Lausanne, spécialiste des mouvements évangéliques, « cette opération de communication visait les milieux catholiques conservateurs, qui forment, avec les évangéliques, le cœur de l’électorat de Trump. » Quelques heures plus tôt, dans un discours très martial, Donald Trump promettait « la loi et l’ordre », ajoutant que : « tuer des innocents est un crime contre l’humanité et contre Dieu ». Dès lors, aux yeux de Philippe Gonzalez, « disperser les manifestants par le recours à la force puis brandir la Bible devant cette église “de pacotille” [l’Église épiscopalienne, libérale, autorise le mariage LGBT] est, pour Trump et son électorat, une manière de déclarer que l’ordre et la loi sont fondés sur la Bible. »

Gérald Machabert, journal Réveil

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