Élie Saurel-Lafont, un pasteur geek ?*

Élie Saurel-Lafont est pasteur de l’Église protestante unie de Moncoutant et du Bocage vendéen. Il propose aux membres de son Église des séances de jeux de société, il est également un fervent des jeux vidéo. Alors, accro à l’écran, Élie ? Jocelyne Cathelineau l’a rencontré pour le journal Paroles en Pays mellois, nous vous en proposons un large extrait.

Élie Saurel-Lafont © DR

 

Propos recueillis par Jocelyne Cathelineau, Église protestante unie de Melle, Celles, Saint-Maixent

 

Une carte du jeu Fable the lost chapters © DR

Jocelyne Cathelineau : Élie, vous avez réalisé pour le site internet Open source church, la critique d’un jeu de rôle : Fable the lost chapters. Pouvez-vous nous parler de ce jeu et de ce site chrétien ?

 

Élie Saurel-Lafont : Fable est un jeu vidéo, sortie en 2005. Vous y incarnez un jeune orphelin qui devient un héros après avoir été recueilli par la Guilde des héros. Après le tutoriel, vous débutez l’aventure : vous explorez, vous tuez des monstres, des brigands, vous accomplissez des quêtes. Petit à petit, vous en découvrez plus sur votre histoire, celle de votre famille.

L’alignement moral, un des éléments du gameplay, a été mis en avant : est-ce que vous êtes bon ou mauvais ? Ce sont vos actes qui déterminent de quel côté de la balance vous êtes. Et cela m’a fait poser des questions : est-ce que c’est pareil d’être bon ou méchant ? Peut-on savoir ce qui est bon ou mauvais ? Est-il plus facile de faire le bien que le mal ? Est-ce que c’est équivalent ? Le site Open source church permet de poser ce genre de question. Il s’agit d’un site en lien avec une Église protestante en Suisse, l’idée est d’offrir un espace de rencontre, de réflexion autour de la culture populaire, geek en particulier.

 

Jocelyne : Vous préférez jouer avec des inconnus à distance, ou dans la compagnie réelle de vos semblables ?

 

Élie : Votre question est un peu étrange, c’est comme si je vous demandais si vous préférez manger des pâtes à la carbonara plutôt qu’un Saint-Honoré. Pour ma part, je ne joue que peu en ligne. Lorsque je joue à l’ordinateur, c’est surtout en solo, je n’aime pas trop la compétition.

Il arrive qu’avec mes frères et sœur nous jouions en réseau, mais dans ce cas-là on est tous ensemble. On a beaucoup joué à Diablo II et à Minecraft ainsi.

 

Jocelyne : Sur le site Open source church, un sondage semble prouver que les adultes et les adolescents abusent des écrans (plus de cinq heures par jour). Et vous ?

 

Élie : Je ne sais pas à partir de combien de temps c’est de l’abus, mais je passe pas mal de temps de travail face à mon ordinateur, pour des recherches, pour rédiger mon culte… Je regarde pas mal de vidéos sur Youtube (vulgarisation scientifique, humour, jeux…). Mais, d’un autre côté, je n’ai aucun réseau social et je n’utilise mon téléphone que pour téléphoner, utiliser le GPS et lire ma Bible en grec. Je crois qu’il y a abus quand ça empiète trop sur le reste.

 

Jocelyne : Élie, le Président de la République souhaite faire passer par la loi l’usage des écrans par les moins de trois ans et le limiter pour les enfants et ados. En tant que papa d’un enfant de deux ans et pasteur animant des groupes de jeunes, qu’en pensez-vous ?

 

Élie : Je suis toujours étonné par le fait d’interdire certains usages. Il me semble que l’éducation est une meilleure voie. Je ne sais pas comment on peut contrôler l’usage des écrans à l’intérieur des maisons. Pour ce qui est des enfants et des adolescents, je pense qu’il faut poursuivre les efforts sur l’accompagnement et l’éducation aux médias. Mais, pour avoir fait beaucoup d’animation, je note que c’est souvent les parents qu’il faudrait éduquer.

 

* Cet article fait partie du dossier Écrans : accros ou à cran ? paru dans Paroles en Pays mellois en juin 2024.

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