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Par Élisabeth Renaud, d’après le témoignage du pasteur Loïc de Putter
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À ceux qui souhaitaient leur parler, les membres de ce groupe ont remis un texte et une médaille de la Vierge. La police a été appelée pour procéder à leur évacuation et permettre à la célébration de commencer avec 45 minutes de retard !
Désarroi et incompréhension
Au moment où le pasteur Loïc de Putter de l’Église protestante unie d’Angers devait prendre part à la liturgie, il a exprimé devant l’assemblée son désarroi et son incompréhension.
« La célébration allait se dérouler comme s’il ne s’était rien passé, explique-t-il, comme si nous n’avions pas vécu un événement particulier, qui nous questionnait. Comme si ces jeunes se réclamant de la seule Église catholique romaine, tout en mettant la main sur notre désir de prier ensemble, ne nous interrogeaient pas profondément sur le sens de l’unité. Et sur ce qui divise -parfois douloureusement- nos communautés en interne. »
Loïc de Putter s’est alors tourné vers l’évêque et l’a directement interpellé : « Nous attendions quelques mots de votre part pour entrer dans cette célébration avec un peu de sérénité retrouvée ! »
Fraternité et confiance
D’après Loïc de Putter, l’évêque a répondu : « Je n’y suis pour rien dans ce qui s’est passé, ces gens ne reconnaissent ni le pape, ni les conciles, je ne représente pour eux aucune autorité »., ce que regrette le pasteur. « Pour eux, certes non, mais pour nous tous présents assurément : cet événement s’est produit dans un lieu de culte catholique, et ce groupe se revendiquait… de l’Église catholique. Nous avions besoin d’une prise de distance, voire d’une dénonciation claire de la part de l’évêque. Nous avions besoin de voir le trouble se dissiper ».
Un communiqué a été publié deux jours plus tard sur le site du diocèse d’Angers, communiqué que vous pouvez lire ci-dessous.
Oui, prier ensemble, sur le chemin de l’unité, avec nos sœurs et frères catholiques, peut être un chemin semé d’embuches mais restons confiants et vivons pleinement ces temps de rencontres fraternelles œcuméniques en Jésus Christ.
Témoignage d’un membre de l’Église protestante unie d »Angers
Comment puis-je encore adopter et proposer ce slogan après cet incident : « Œcuménisme, parce que l’Église de Jésus-Christ n’est pas séparée par nos divergences confessionnelles. » ? À l’évidence, ce n’est pas réaliste. J’assume pleinement : ce slogan n’est pas réaliste, car ce qui se voit au jour le jour ne suffirait certainement pas pour dresser un constat que les Églises ne seraient pas séparée par leurs divergences.
Cependant mon slogan exprime la réalité de l’Église – et donc des Églises ‑ dans leur être, dans leur mission, dans leur avenir.
Œcuménisme, parce que l’Église de Jésus Christ n’est pas séparée par nos divergences confessionnelles.
Églises de Jésus Christ, au pluriel : dans toute la richesse et la diversité de nos traditions, de nos liturgies, de nos enseignements et engagements, c’est du Christ que nous avons un même appel.
Aucune de nos Églises ne tient son origine et sa mission de ses ‘pères fondateurs’.
C’est le Christ Jésus qui appelle des hommes et des femmes comme disciples et envoyés.
C’est Lui qui appelle ses disciples à “être un”, et il prie le Père pour cela.
Nul doute que sa prière sera exaucée – nous ne savons pas comment – avant la fin des temps.
Zoltan Zalay, pasteur EPUdF retraîté
Communiqué du diocèse d’Angers suite aux événements survenus en marge d’une célébration de prière lors de la semaine pour l’unité des chrétiens.
Tous les ans, du 18 au 25 janvier, se tient dans toute l’Église la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Cette tradition date du début du XXe siècle . Dans de nombreux diocèses des initiatives de prière et des rencontres se déroulent entre chrétiens qui se reconnaissent d’un même baptême. Ainsi un temps de prière avait lieu en présence de fidèles catholiques, orthodoxes et protestants d’Angers à l’église Ste Marie de la Croix à Belle-Beille ce samedi 21 janvier à 18h.
Au moment de commencer ce temps de prière, quelques fidèles de la Fraternité Saint Pie X ont occupé le chœur de l’église pour empêcher la tenue de l’événement. Devant leur refus de mettre un terme à leur action, la police est intervenue pour évacuer ces personnes et permettre aux 200 chrétiens réunis de prier ensemble.
Mgr Emmanuel Delmas évêque d’Angers condamne fermement cet incident, qui manifeste un manque de respect de la prière des chrétiens présents et plus grave encore, du caractère sacré de l’église lieu d’unité, de paix et de communion. Nulle cause ne peut justifier une telle offense ni une telle instrumentalisation du chapelet, prière qui nous est chère, utilisée ce soir-là comme moyen de manifester et d’interrompre la prière d’autrui.
Mgr Emmanuel Delmas renouvelle son soutien à tous ceux qui vivent un œcuménisme authentique, qui nous fait reconnaître ensemble, orthodoxes, protestants et catholiques, Jésus-Christ comme unique Sauveur et prier pour l’unité des enfants de Dieu. C’est la prière de Jésus lui-même au soir du Jeudi Saint : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17, 21).
Mgr Emmanuel Delmas redit sa confiance aux organisateurs de cette célébration et au groupe œcuménique ; il sait leur disponibilité pour entamer avec ceux qui ce soir-là ont créé cet incident, un vrai dialogue et approfondir ensemble cette tradition ancienne de la prière pour l’unité des chrétiens et sa véritable signification. Il enjoint à ces derniers, à l’avenir de préférer ce dialogue toujours possible au désordre et au manque de respect des lieux saints.