Le projet missionnaire en Bretagne poursuit sa route

Arrivé à Pontivy (Morbihan) en 2016 avec sa femme Katie et leurs quatre enfants, Matt Riley nous fait part de son expérience dans ce projet innovant au cœur de la Bretagne.

L’espace Kelo Mad © DR

 

Par Matt Riley, chargé de mission à l’Église protestante unie de France

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Ce que je voudrais vous partager, ce n’est pas la façon de procéder lorsqu’on est responsable de ce type de ministère mais simplement mon expérience au cours de ses sept dernières années.

Si le projet avait été conçu comme un projet d’évangélisation, Katie et moi aurions trouvé logique qu’un local commun et une communauté locale soient le fruit de ce que Dieu ferait ici. En revanche nous voulions que cela soit aussi un laboratoire pour l’Église, à la fois dans la manière dont nous partageons Jésus avec les autres mais aussi dans la manière dont la communauté vit. Ces réflexions étaient issues de ce que j’avais vécu en tant que pasteur d’une petite Église anglicane et aussi de mon travail dans la région Grand Est de la France avec des équipes pastorales missionnaires dont nous faisons partie.

 

Privilégier une rencontre personnelle avec le Christ

 

Depuis notre arrive à Pontivy, nous avions le projet de voir une communauté implantée avec des francophones qui n’avaient aucun lien avec une Église locale. Nous voulions privilégier une rencontre personnelle avec le Christ à travers les Écritures dans un cadre discret qui faciliterait la discussion et la vie de communauté. Nous nous sommes donc organisés avec cet objectif en tête. La structure des rencontres, la version de la Bible utilisée, les plages horaires proposées (nous avons commencé les vendredis)… tout était façonné pour privilégier une rencontre personnelle avec le Christ. Nous avons refusé certaines demandes comme « faire une Église plus classique ou des cultes traditionnels une fois par mois ». D’un côté, ces propositions avaient du sens mais dans le contexte dans lequel nous travaillions et le public que nous côtoyions, ces demandes représentaient une certaine vision de l’Église plutôt adaptée au langage et à la culture de gens déjà initiés.

 

Un soutien indispensable

 

Comme il s’agissait d’un projet pionnier et que l’équipe était composée de ma femme, mes enfants et moi-même, la région Ouest a mis en place un comité de pilotage pour marcher à nos côtés. Les pasteurs du consistoire ont apporté leur soutien, et les Églises du consistoire ont soutenu le projet. Nous avons eu la liberté d’expérimenter et de définir l’orientation du projet. Ce type de soutien est indispensable pour un projet missionnaire. Cet accompagnement nous a été accordé au niveau national, régional et consistorial et nous en sommes très reconnaissants.

 

Les choses simples grandissent. La structure de l’Église peut être épuisante à entretenir et aussi à reproduire. En tant que jeune pasteur en Floride et également pasteur missionnaire dans l’Est de la France, j’ai pu constater à quel point une structure trop complexe est à la fois difficile à maintenir et difficile à reproduire. Nous avons pensé une communauté autour de la prière, des paroles de Jésus, et un repas partagé, simple à gérer et qui ne serait pas épuisant pour celles et ceux qui l’animeraient. Pour commencer, nous avons mis en place une découverte de la Bible avec des questions interactives sur la vie de Jésus, et la prière autour d’un café ou d’un apéritif. Au début, c’était une pré-Église et durant quatre ans nous avons adapté le contenu et ajouté des éléments comme des chansons, tout en gardant un format simple, convivial et reproductible. Ce type de format nous permet aussi d’impliquer d’autres partenaires de nos communautés dans la vie de l’Église.

En 2017, l’espace Kelo Mad est créé afin de loger notre famille et de disposer de locaux permettant d’accueillir du public.

 

Ne pas oublier les gens

 

Les Hébreux ont demandé à Pharaon comment ils étaient censés fabriquer des briques sans paille ? C’est une bonne question, mais la meilleure question est de savoir comment atteindre ceux qui ne connaissent pas Jésus si vous n’avez pas de contact avec eux. En réalité, vous ne pouvez pas. Au début, nous avons décidé de prendre autant de repas, avoir autant de conversations et de rejoindre autant d’associations que possible afin de pouvoir rencontrer le plus de personnes. Il était nécessaire de nous investir dans la vie des autres et d’organiser notre vie autour des autres et non autour de nous. Il ne s’agissait pas de faire pression ou de convertir, mais d’aimer ; de servir et de partager la vie, la nôtre et celle de Jésus. L’un des principaux obstacles aux missions et à l’implantation d’une Église est que nous voulons souvent investir dans la structure, mais nous oublions les gens. Or, s’investir auprès des gens peut représenter un risque. Nous pouvons être confrontés au rejet et à la déception, à une perte de temps et d’énergie, mais si nous ne sommes pas disposés à vivre pour Jésus et les autres, nous ne pourrons pas les aimer et parler dans leur âme.

 

Il faut comprendre que c’est Dieu qui est à l’œuvre. Il nous a tous appelés à la moisson, à être chrétiens pour ceux qui ne le sont pas et, en fin de compte, c’est Dieu qui fait croître. Nous sommes chacun uniques avec des charismes différents et Dieu les utilise pour que l’on puisse être ses mains et ses pieds. Que Dieu nous bénisse et nous garde tous afin que nous puissions être utilisés pour accomplir sa volonté.

 

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