(Re)découvrir les Pères de l’Église

Début novembre, l’association Accolade de l’Église protestante unie du Cher a accueilli au temple de Bourges le professeur de lettres classiques et spécialiste de la patristique Jean-Paul Lesimple, pour une conférence au titre quelque peu provocateur : Les Pères de l’Église sont-ils les Pères des protestants ?

Les Pères de l’Église, miniature du XIe siècle, de la Rus’ de Kiev © Domaine public

 

Par Annette Wiedemann, Église protestante unie du Cher

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Le conférencier a pu éclaircir les idées de l’assemblée sur la patristique, discipline qui étudie la doctrine, les œuvres et la vie des Pères de l’Église et qui ne nous est pas familière.

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Des théologiens précurseurs

 

Les Pères de l’Église sont souvent mal vus dans le protestantisme, car on les soupçonne d’avoir corrompu la doctrine. Cependant Calvin fait de nombreuses références aux Pères dans ses écrits et Luther s’est nourri de la pensée d’Augustin par fidélité à l’Église d’origine, et le cite souvent.

 

On ne peut comprendre le christianisme sans s’appuyer sur les textes des Pères. Dans les premiers siècles, leurs écrits sont contemporains de ceux des apôtres (Clément de Rome). Au IIe siècle, les Pères font l’apologie du christianisme (Justin), puis viennent les théologiens précurseurs, et au IVe siècle, Jérôme traduit la Bible en latin : c’est la Vulgate qui fera autorité très longtemps chez les catholiques. On peut dire que le IVe siècle est l’âge d’or littéraire et théologique des Pères avec les quatre grands conciles (Nicée, Constantinople, Éphèse et Chalcédoine…).

 

Les ancêtres communs des catholiques, protestants et orthodoxes

 

C’est donc aux Pères de l’Église que nous devons la critique textuelle (révision et comparaison des traductions hébreu/grec reprises ensuite au XVIe siècle), la confirmation du canon de l’Ancien Testament, la fixation du canon du Nouveau Testament (auparavant la liste des écrits néotestamentaires n’était pas fixée) et les règles de l’interprétation (sens littéral, sens spirituel, sens anagogique).

 

Nous leur devons aussi en liturgie : le Notre Père, le credo de Nicée et le symbole des Apôtres ; en 1559, les protestants reconnaissent les trois symboles.

 

La « nouvelle théologie » catholique a prôné, après la Seconde Guerre Mondiale, une nouvelle lecture et un retour aux sources qui mèneront à Vatican II. Les Pères sont aujourd’hui reconnus comme les ancêtres communs des catholiques, des protestants et des orthodoxes, et comme une des racines de la foi chrétienne et de l’œcuménisme.

 

 

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