Regards croisés sur des textes bibliques

Début octobre, s’est tenu à La Rochelle un week-end dont le thème était : juifs et chrétiens, ensemble lire et relire nos textes fondateurs et plus particulièrement les Psaumes. La pasteure Marianne Seckel nous raconte ce week-end riche en rencontres et découvertes.

Relations judéo-chrétiennes

L’assemblée, week-end du 1er et 2 octobre à La Rochelle © Patrick Balas

 

Par Marianne Seckel

 

Cette rencontre était organisée par des membres des communautés juive, catholique et protestante de La Rochelle, sous la présidence de Christine Garcette. Elle s’est tenue le premier week-end d’octobre, au cœur des journées festives du mois de Tichri*, plus précisément dans les jours qui ont suivi le Nouvel An, Roch Hachana 5783 et avant le Jour du Pardon, Yom Kippour.

 

L’importance des psaumes dans le judaïsme

 

Une partie des intervenants. Au centre, le pasteur Roland Poupin © Patrick Balas

Rose Bacot, clarinettiste © Patrick Balas

Au côté de personnes locales telles que Charles Kammoun, président de la communauté israélite de Charente-Maritime, le père Louis Chasseriau, responsable du centre diocésain Jean-Baptiste Souzy, et le pasteur Geoffroy Perrin-Willm, des intervenants de choix, animaient ces journées auxquelles ont participé plus de soixante-dix personnes (et d’autres ont dû renoncer par manque de places!). Des ponctuations vocales et musicales avec Rose Bacot disant des psaumes successivement en hébreu et en français puis sur les notes de sa clarinette basse, encadraient les exposés d’Isabelle Cohen, docteure en histoire des religions et anthropologie religieuse, engagée à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, empêchée de nous rejoindre et que nous avons vue et entendue en visioconférence, et de Roland Poupin, pasteur à Poitiers et Châtellerault, docteur en théologie et en philosophie, membre de la Commission des relations avec le judaïsme de la Fédération protestante de France.

Nous avons ainsi pu mesurer l’importance, dans le judaïsme, des psaumes comme louange qui nourrit la prière mais plus encore ravive en chaque être, la lumière du Créateur et le souffle de la vie. Le pasteur Poupin, quant à lui, a insisté sur la figure de David, à qui est attribuée une grande part des psaumes. David n’est pas prêtre et par là représente le peuple – et chacun de nous – élevant sa louange vers Dieu tout en reconnaissant ses fautes ou exprimant ses plaintes.

 

La liturgie des heures

 

Annie Wellens a partagé son intérêt pour la « liturgie des heures », chère à la tradition monastique et accessible à quiconque. Ces ouvrages, au gré des temps liturgiques et des heures du jour, invitent à prier l’ensemble du psautier comme une rencontre des chemins de l’homme et des chemins de Dieu.

Les participants ont pu se confronter, en ateliers de six ou sept personnes, au psaume 19 : chacun a pu y apprécier la ferveur de la louange et se laisser surprendre par l’intensité d’expression des contraintes de la Loi, variations où l’on peut entendre l’accueil de notre juste place d’humains, au bénéfice tant des merveilles de la création que de paroles qui nous indiquent un chemin de vie. Après l’étude, qui ne nous a pas laissés sans questions à reprendre, nous avons chanté ce psaume dans la version du psautier huguenot (Clément Marot, Claude Goudimel) sous la direction de Denise Wiedemann.

La question a été posée de la lecture christologique des psaumes : les chrétiens perçoivent en Jésus, reconnu Messie, l’accomplissement des promesses du Premier Testament mais il importe de rester attentifs à la tension synthétisée par le théologien Oscar Cullmann (XXe siècle) dans la formule du « déjà là » du Royaume, un monde déjà réconcilié par la présence de Jésus-Christ, et du « pas encore », attente féconde dont témoigne pour tous le judaïsme vivant par-delà les siècles et porteur, avec les chrétiens, de l’Alliance unique du Dieu Créateur. Affirmation fermement énoncée par Calvin et reprise plus récemment par le pape Jean-Paul II.

 

Et la nourriture terrestre

 

Les nourritures terrestres n’ont pas été oubliées : repas partagés au centre protestant, notamment un repas casher de plats excellents et abondants, préparés par Viviane Kammoun.

En option étaient proposés la participation à la messe ou au culte, où furent chantés plusieurs psaumes, la visite du Musée rochelais d’Histoire protestante avec ses remarquables psautiers anciens et, pour conclure en beauté ce week-end, un concert à la synagogue, de contes et musique klezmer avec Rose Bacot.

Oui, ce furent des journées exceptionnelles qui suscitent le désir d’approfondir notre connaissance les uns des autres en nous rendant visite et en renouvelant ces rencontres où comptent l’amitié et la bienveillance mais aussi l’étude et la réflexion.

 

 

 

NDLR : Tishri (en hébreu : תשרי, « tishri », « tichri », « tishrei » ou « tisseri ») est le 1er mois de l’année civile et le 7e mois de l’année ecclésiastique du calendrier hébraïque. C’est un mois automnal de trente jours.

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