Par Volafeno Anna Mangel, pasteure à l’Église protestante unie du Sud-Finistère
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Nous pouvons par exemple citer la rénovation de la salle d’accueil à Saintes où plusieurs membres ont mis la main à la pâte pour que cela soit possible en plus de l’aide financière de l’association Flam ou l’expérience de la mission Jeepp à Lyon qui a utilisé les ressources et talents internes et externes du secteur lyonnais afin de développer la mission, ou encore “Témoigner et Servir” à Marseille qui, par le contexte local, a pu agir, ou l’Église de Vannes qui utilise son implantation géographique et les talents internes pour développer l’accueil du samedi après-midi…
Valoriser les charismes
Plus que la rénovation d’une salle en vue d’une ouverture en semaine ou la création d’un concert, le plus important est l’élan que ce projet insuffle dans la vie communautaire : nous allons ensemble vers un objectif commun, nous valorisons les charismes, ressources et talents que nous avons dans notre Église et dans notre quartier, dans notre village. Ces échanges entre nous renforcent notre sentiment d’appartenance. Participer à la vie de l’Église en étant au Conseil presbytéral, en faisant le ménage, en organisant le verre de l’amitié après le culte, en présidant un culte, en jouant de la musique lors d’un culte, c’est aussi conforter son appartenance à cette communauté.
La NMS (The Norwegian mission society), partenaire important de l’EPUdF, a saisi depuis les années 2000 l’importance d’utiliser les talents qu’a une Église, une communauté, pour son développement. Il s’agit de répondre à la question : « Que peut-on faire avec ce que nous avons, ici et maintenant ? » C’est Use your talents (UYT). Plus qu’une méthode ou une gestion de projets, UYT est une façon de vivre en Église locale, au niveau national et international.
Développer les talents
UYT regroupe trois éléments. Tout d’abord, UYT est une “méthode missionnaire” inspirante, actuellement développée en Afrique, Asie et commence à l’être en Europe, bien que les Églises aient des contextes différents, donc des défis différents. UYT, parce qu’il sort du terrain et des expériences concrètes des communautés, peut accompagner une Église, une communauté dans son développement. L’objectif de UYT est de développer les talents dans les Églises afin de renforcer la valorisation, l’habilitation et l’autorisation d’agir de chaque membre de l’Église tout en augmentant la signification sociale de l’Église dans notre commune et donc de montrer la pertinence de l’Évangile pour l’Homme d’aujourd’hui.
Ensuite, UYT crée une communauté d’apprentissage au sein de chaque Église locale. Il développe l’Église en tant que communauté d’apprentissage : nous sommes ensemble pour apprendre quelque chose, grâce à une organisation qui le permet, elle-même portée par un état d’esprit, une théologie.
Créer un réseau
Enfin, UYT permet de créer également une communauté d’apprentissage au niveau national et international. Au même titre que nous avons dans notre Église les échanges d’expériences comme “Églises tout terrain”, les pastorales missionnaires…, il s’agit d’avoir un réseau formel qui vit tout au long de l’année dans lequel nous pouvons nous apprendre mutuellement des choses. Et la particularité de UYT au niveau international est qu’il rassemble praticiens (membres de la communauté), institutions ecclésiales, chercheurs universitaires et formateurs (formation initiale à l’Université et formation continue en Église). Lors du Rassemblement du réseau européen de la NMS, en avril 2024 à Tallinn, en Estonie, j’ai présenté UYT aux partenaires de la NMS afin de créer la communauté UYT en Europe. Toutes les Églises volontaires peuvent entrer dans ce réseau.
Et concrètement ?
UYT, au niveau de l’Église locale, est un moyen pour faire vivre le projet de vie de l’Église, qui alors se renouvelle selon une certaine périodicité. Il alterne une étape “enthousiasmante” où sont glanées des idées, des expérimentations réalisées par les Églises locales, une étape “théologique” où les actions des uns et des autres sont relues en rapport avec l’Être de notre communauté, puis une étape “pratique” où il s’agit d’agir par la cartographie des talents et ressources internes et externes et par la réalisation des projets et enfin l’étape d’évaluation où est évalué non seulement le projet, comme l’ouverture le samedi après-midi du temple, mais aussi ce que l’Église a appris en termes de savoirs, ce qu’elle a appris des autres, d’elle-même, de Dieu, de l’Église, de la ville, d’autres pays…
Ces relectures de ce que nous faisons en Église font que nous sommes plus dans l’être que dans le faire. Être ensemble enfants de Dieu, en Église, l’Église de Jésus-Christ. La valorisation des talents en interne montre que chaque personne, depuis des années dans l’Église ou qui vient juste d’arriver, jeune ou âgée, d’Europe ou d’Afrique, a sa place dans notre communauté et qu’on la lui donne. Favoriser les partenariats avec les institutions publiques, les associations, par la cartographie externe, montre que l’Église peut être une valeur ajoutée dans la société : “Être une Église de témoins.”
