JO 2024, une aumônerie ne suffira pas

En vue des Jeux Olympiques de 2024, une aumônerie se met en place. Indispensable et régie par des règles strictes, elle permettra un accompagnement ; mais face à l’afflux des visiteurs, les paroisses devraient être mises à contribution.

© Lucas Dugaro

 

Par Denis Heller, pasteur, aumônier des J.O. 2024

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Combien y aura-t-il de sportifs, de supporters et de badauds à séjourner en France durant l’été 2024 ? Il en est prévu plusieurs millions en plus de la fréquentation habituelle et cela occasionne une effervescence pour préparer l’accompagnement spirituel de ces foules.

 

Des aumôneries dédiées

 

Des aumôniers ont ainsi été retenus pour être présents sur les lieux du village olympique et reçoivent actuellement une formation. Le programme, bâti autour de l’enseignement des gestes de sécurité, l’interdiction du prosélytisme ou les indications de renseignement, s’imagine aisément. Mais le périmètre d’intervention des équipes d’aumônerie peut paraître au premier regard surprenant : exclusivement les lieux de résidence des athlètes et de leurs accompagnants, le village olympique.

 

Les organisateurs se sont effectivement calés sur la définition des aumôniers, qu’ils exercent leur ministère en aéroport, dans l’armée, en milieu carcéral ou à l’hôpital. La nécessité de leur présence s’impose lorsqu’une personne se trouve en situation de privation de liberté, car chacun doit pouvoir avoir accès à sa religion. Or le village olympique correspond à cette réalité, il fonctionnera en vase clos durant toute la durée des jeux ; nul ne verra par exemple d’athlète flâner dans Paris. Une bulle de sécurité les entourera sans cesse, d’abord pour une question de protection et d’entraînement, ensuite pour une raison sanitaire, sans oublier les quelques sportifs qui profitent parfois de l’occasion pour ne pas revenir dans leur pays d’origine.

 

Un rôle spirituel et parfois délicat

 

Le rôle de l’aumônerie est donc d’accompagner les athlètes, mais aussi leur staff technique, les entraîneurs, soignants et autres responsables diététiques. Pour les 15 000 sportifs dont 4 500 pour les jeunes paralympiques, un lieu-chapelle interreligieux officiel sera érigé au cœur du village et offrira un espace d’accueil où l’aumônier pourra recevoir, proposer un échange et une oreille attentive.

 

L’échec, la réussite, la pression exercée par une nation ou une famille, le stress ou la hargne insufflée par l’équipe d’entraînement, l’ambition d’une carrière qui peut ici se jouer, l’ambiance entre jeunes gens déterminés à gagner, voire à éliminer le voisin, tout cela pose des questions éthiques et spirituelles qui doivent pouvoir être partagées. Certaines délégations amènent d’ailleurs avec elles leurs propres aumôniers, car dans certaines cultures, le spirituel, le mental et le coaching ne sont parfois pas si éloignés.

 

Il existe également dans la formation pour les J.O. une section plus large. Elle concerne l’histoire des jeux et l’attention à porter à leur impact social et humain. Car les Jeux Olympiques sont une forme de soft power et cela nécessite une formation à quelques éléments de géopolitique, pour en être conscient et ne pas se laisser piéger ou instrumentaliser dans des enjeux externes.

 

Une mobilisation essentielle des Églises

 

Les aumôniers sont donc dûment accrédités et formés, choisis selon un processus de désignation propre au pays d’accueil, qui passe donc par la Fédération protestante de France. En revanche, ce qui concerne les sportifs et leurs accompagnants ne concerne pas le reste des foules présentes. Pour elles, la liberté d’aller et venir est constante.

 

Il est aisément imaginable que les peines et les joies dues à des échecs, des blessures ou des victoires ne concernent pas que les acteurs olympiques. Le public aussi vibre et a besoin parfois d’un soutien, d’un relais spirituel ou d’une assistance en humanité. C’est là la mission des Églises, qui s’organisent déjà depuis des mois pour être au rendez-vous et faire face à un afflux de demandes tant psychiques que spirituelles. Pour la région parisienne, un réseau de paroisses s’est mis en place, le Groupe régional J.O. autour des pasteurs Amos Ngoua Mouri et Virginie Moyat, auquel on peut faire appel et qui peut également accueillir des bénévoles.

 

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