La randonnée, un rituel d’aujourd’hui

Dès les beaux jours, de mai à octobre, sac au dos et bâton en main, ils ont été des centaines de milliers à pratiquer la randonnée itinérante.

Sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle © Dominique Bacquet

 

 

Par Jean Loignon, Église protestante unie de Loire Atlantique

 

Une certaine lassitude du tourisme balnéaire et une motivation grandissante pour des loisirs plus écologiques a poussé tout un peuple majoritairement de jeunes retraité·es mais pas que, de sportifs, de familles, de femmes seules ou en groupe à se lancer dans l’aventure d’une ou plusieurs semaines de marche.

 

Un écotourisme en plein essor

 

Le réseau des sentiers de Saint-Jacques de Compostelle, le GR 34 longeant l’intégralité des côtes bretonnes, le chemin de Stevenson (popularisé par le charmant film « Antoinette dans les Cévennes ») sont devenus des lieux majeurs d’un écotourisme en plein essor.

 

Certes les conditions offertes ménagent l’endurance des marcheurs : de nombreux hébergements proposent le gîte et le couvert à des prix variés et il est possible sur les itinéraires les plus courus de se faire porter ses bagages à chaque étape. Mais un nombre significatif de randonneurs ont choisi de jouer le jeu d’une sobriété plus poussée en portant leur propre ravitaillement et en bivouaquant.

 

Une sobriété à l’opposé du consumérisme

 

Ce faisant, ils ont retrouvé des gestes depuis longtemps oubliés dans notre société de consommation et d’abondance immédiates : se repérer dans un paysage inédit, sans toujours l’aide des réseaux de géolocalisation, trouver de l’eau, des points de ravitaillement, des lieux où dormir en toute sécurité, sans oublier la satisfaction de besoins naturels sans eau et en pleine nature. Mais ces ascètes volontaires d’un été ont-ils toujours eu conscience que ce qu’ils ont choisi de vivre volontairement est le quotidien des gens de la rue, SDF ou précaires qui survivent dans nos cités ?

 

Il n’est pas indifférent que certains sentiers reprennent les itinéraires de pèlerinage qui jalonnaient l’Europe médiévale. Aujourd’hui, la motivation religieuse des randonneurs qui accrochent une coquille Saint-Jacques sur leur sac est minoritaire, bien que réelle. Mais peut-on imaginer de façon « catho-laïque » que ce retour aux sources et ce choix d’une sobriété à l’opposé du consumérisme habituel fassent inconsciemment écho aux vertus expiatrices et rédemptrices des pèlerinages d’antan ?

 

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