Les vingt ans de Théovie

Pour fêter ses vingt ans en juin dernier, Théovie n’a pas fait de grande fête mais proposé un temps de rencontres, de témoignages, de bilan pour préparer un avenir qui confirme les chemins déjà tracés et rêver de routes inexplorées. Rencontre avec son animatrice Katharina Schächl.

 

Par Nicolas Boutié

 

Finalement, c’est quoi, Théovie ? La page d’accueil du site donne les fondements de cette formation : « Théovie propose gratuitement une formation sur les grands thèmes de l’existence à partir du message de la Bible. Accessible à tous, Théovie invite chacun(e) à une démarche d’acquisition de connaissances, de réflexion personnelle et de recherche spirituelle. Théovie offre un parcours de formation libre et individualisé, avec possibilité d’un accompagnement. La formation peut être suivie individuellement ou dans un groupe. »

 

Retour sur l’histoire

 

Katharina Schächl © DR

Katharina Schächl revient sur le contexte qui a conduit la pasteure Martine Millet à créer Théovie. Suite au thème « Débat 2000, 2000 débats », Martine Millet veut mettre la théologie aux marges de l’Église et rencontrer des personnes qui aimeraient se former. Il s’agit d’utiliser un outil un peu nouveau, « Internet », et d’arrêter le fameux patois de Canaan.

 

Martine s’entoure de compétences théologiques et, pour la technique, fait le choix audacieux de Sandra Bellier, professionnelle du e-learning. Katharina précise : « Même si on passe par la connaissance et le savoir, les utilisateurs trouvent eux-mêmes leur cheminement dans la foi ou pas. » Curieusement, c’est le sérail qui répond positivement. Pour Katharina, « les marges de nos Églises sont aussi dans nos Églises, et ne s’adresser qu’à l’extérieur ne suit pas la réalité des communautés. »

 

Un service gratuit

 

Ce qui ancrera Théovie dans le paysage de l’Église protestante unie de France, c’est le synode de 2008. Après un débat houleux, les délégués décident de continuer à proposer ce service. Il y avait alors 350 inscrits, dont certains dans la salle. Mais l’outil doit s’ouvrir aux membres des Églises et devenir gratuit. Aujourd’hui, un budget ecclésial permet d’assurer le fonctionnement, d’avoir un ministre à temps plein et un mi-temps de rédaction. Le reste est réalisé par des bénévoles. Pour Katharina, « tous sont déjà très engagés dans l’Église, il ne faut pas les décourager en leur ajoutant un poids trop lourd. » Aujourd’hui, Théovie compte plus de 8 000 inscrits, des collaborations avec le Canada et la formation de petits groupes de travail collectif.

 

Retour d’expérience

 

Parmi ces inscrits, un groupe étonnant de prisonniers. Des aumôniers ont proposé Théovie lors de leurs visites. La Fédération protestante de France (FPF) leur a destiné un opuscule de réflexion spirituelle.

Théovie en fit la promotion et l’impact fut énorme. Certains détenus ont même créé des groupes, non sans difficultés. Katharina est reconnaissante des échanges avec ce public auquel personne n’avait pensé au départ. Ils ont besoin d’un échange avec l’extérieur et elle raconte comment un prisonnier, qui envoyait des réponses phonétiques et inorganisées aux questions du programme, a petit à petit fait évoluer son écriture et structuré sa pensée. Les modules lui ont apporté une forme de réinsertion et un réel cheminement humain et spirituel.

 

Qui est Katharina ?

 

Katharina Schächl anime les équipes de Théovie pour trouver du contenu, des auteurs et faire connaître le programme par des conférences, des journées d’Église ou des retraites spirituelles. Mais ce qui l’anime, c’est la mise en réseau, qui met en relation l’utilisateur et le pasteur le plus proche. Son ressourcement est important, « c’est un jardin secret. Je peux en partager les fruits mais pas le jardin ». Un jardin fait d’animaux, de collègues, de rencontres et d’amis loin de l’Église.

 

Site de Théovie

 

 

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