Conte
Par Nicole Roulland-Rupp, Journal Réveil
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Vous connaissez bien évidemment les trois premiers : Gaspard, Melchior, Balthazar. Ils ne sont ni nommés ni dénombrés dans l’Évangile, on ne sait pas vraiment qui ils sont : des mages, des rois, des savants, des astrologues… Mais peu importe, ils sont venus de loin, non pas des quatre coins de l’horizon puisqu’ils n’étaient que trois, mais des trois régions connues à l’époque : Gaspard venait d’Asie, Melchior d’Europe et Balthazar, le plus foncé des trois, venait d’Afrique.
Vous connaissez l’histoire de ces trois-là : ils sont arrivés à la crèche et ont déposé leurs présents aux pieds de l’Enfant Jésus : Melchior a apporté de l’or, signifiant la royauté du Christ ; Gaspard de l’encens, comme un hommage à la divinité de l’enfant ; et enfin Balthazar a apporté de la myrrhe, ce avec quoi on embaumait les morts, comme pour annoncer que le Christ allait lui aussi mourir, comme tous les hommes.
Mais un quatrième mage avait prévu d’aller se prosterner devant l’Enfant Jésus dans l’étable. Lui vivait dans le Grand Nord. C’était un homme très bon dans son pays. Et lui aussi, ce soir-là, vit l’étoile briller dans le ciel, une étoile qu’il n’avait jamais vue auparavant. Lui aussi voulut faire un présent majestueux au roi que l’étoile annonçait, mais dans son pays aux paysage gelés, il n’y avait guère de quoi trouver un cadeau assez beau. Alors il réfléchit et pensa à cette grotte glaciale où étaient suspendus des milliers de stalactites… Quel plus beau présent que ces cristaux d’eau, signe de la pureté, pour le plus pur des enfants qui venait de naître ? Oui, à n’en pas douter, c’était le cadeau qu’il fallait ! Alors l’homme décrocha un de ces joyaux aquatiques et l’enroula dans le plus beau des tissus qu’il possédait. Il embrassa sa femme, ses nombreux enfants ; tous étaient émus, car ils ne savaient pas combien de temps allait durer cette aventure. Un dernier signe de la main et bientôt les silhouettes se fondaient avec les blancs paysages qu’il n’allait pas revoir de sitôt.
Et l’homme suivit l’étoile d’un pas ferme et décidé, mais au bout de quelques minutes, il sentit dans ses bras un grand vide, le tissu n’avait plus aucune tenue : et pour cause, le cristal avait fondu ! Quelle détresse ! Mais qu’à cela ne tienne, notre homme fit demi-tour et retourna à sa grotte. Cette fois, il prit plusieurs stalactites, au cas où… Mais cela ne servit à rien… L’homme dut se raisonner : impossible d’emporter ce cadeau si précieux à ses yeux. À force de se concentrer sur ses présents, il n’avait pas remarqué que l’étoile avait continué sa route sans lui. Imaginez son désarroi lorsqu’il découvrit cette réalité : il n’allait pas pouvoir trouver l’enfant ! Mais il ne perdit pas courage, après tout, des enfants, il n’en naissait pas tant que ça dans une nuit, alors il partit à la recherche de ce petit roi en langes.
Mais à sa grande surprise – c’était à croire que c’était la pleine lune et que toutes les femmes enceintes s’étaient donné le mot – elles avaient toutes accouché cette nuit-là. Il dut se rendre à l’évidence : il ne trouverait jamais seul l’enfant. Alors il rentra chez lui, triste, dépité. Sa femme et ses enfants ne savaient pas quoi faire pour lui remonter le moral. Ils se concertèrent et eurent une idée : « Dis donc, le Père, et si tu offrais un cadeau à tous les enfants du monde ?! » Quelle idée saugrenue ! … Mais après tout pourquoi pas ? … Et c’est ainsi que toute la famille se mit à faire des cadeaux pour tous les enfants de la planète.
Au fait, j’ai oublié de vous dire, cet homme s’appelait Noël, certains l’ont transformé en gros bonhomme bedonnant à la barbe blanche et à la tunique rouge, mais pour beaucoup, c’est le quatrième Roi mage, et c’est certainement lui qui a tout compris avant les autres : il a compris qu’il fallait garder un cœur d’enfant et surtout que la bonne nouvelle de ce petit enfant né dans une étable devait être propagée à travers le monde entier et, surtout, être source de joie dans tous les foyers.
* Cet article fait partie du dossier Mon Noël en famille proposé par la Presse régionale protestante.