Préparer l’absence de pasteur

Les pasteurs assurent un ministère de la Parole, reconnu nationalement et porteur de la dimension universelle de l’Église. Appelés par une paroisse, leur mandat durera six ans, renouvelables une fois. Quelles sont les priorités pour vivre pleinement la période entre deux ministres ?

© Élisabeth Renaud

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Par le pasteur Marc de Bonnechose

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Lorsqu’un pasteur s’en va, la règle énoncée il y a plus de vingt ans instaure une année de vacance du poste. Compte tenu de la limite de durée des mandats, les paroisses ont donc à la vivre assez régulièrement.

 

Réduire la voilure

 

Ce temps est avant tout un signe de solidarité. Il prend acte du nombre de ministres inférieur au nombre de paroisses et vise à ce que les Églises ne souffrent pas de cet écart. Pourtant, l’année de vacance pastorale peut inquiéter les paroissiens ou le Conseil presbytéral car quelques écueils apparaissent.

La première prise de conscience se traduit souvent par le sentiment d’urgence devant la nécessaire continuité. Beaucoup de paroisses réduisent alors la voilure, comme le fait un navire par gros temps, et mobilisent les bénévoles disponibles pour les cultes et les activités essentielles. Pour peu que des prédicateurs laïcs aient été formés en amont, l’année deviendra vite une parenthèse sympathique.

 

La solidarité locale

 

Mais si l’attente se prolonge ou si les intervenants viennent à manquer, l’exercice se complique singulièrement. La solidarité des paroisses voisines devient alors cruciale, en espérant qu’elles soient en mesure de faciliter la permanence des célébrations et des actes pastoraux, notamment durant les vacances scolaires. Il faudrait sinon compter sur l’organisation du consistoire pour pallier les difficultés en faisant appel à des personnes plus éloignées.

La seconde difficulté consiste à identifier les actions centrales pour la paroisse si l’ensemble des activités ne peut être maintenue. Autant le pragmatisme amène à maintenir les actions dont les responsables sont investis et qui ne nécessitent pas la présence d’un pasteur, autant l’urgence implique parfois de faire des choix drastiques. Dans des communautés à petits effectifs, il peut par exemple être impératif de réunir les jeunes en catéchèse avec ceux des paroisses voisines si on ne trouve pas de catéchète formé. Études bibliques ou actions d’entraide suivront parfois le même chemin. L’avantage est de ne pas stopper ce qui marche bien et de trouver une richesse au partage avec d’autres paroisses ; l’inconvénient est l’implication de personnes extérieures qui peut rapidement démobiliser les membres de la communauté.

 

Deux axes pour demain

 

Au-delà de l’organisation, le point majeur réside dans la nécessité d’accueillir le pasteur futur dans de bonnes conditions en mettant en œuvre un véritable discernement. Car il ne s’agit pas de choisir au plus vite pour être sûr d’avoir son pasteur, car les caractéristiques de la communauté et celles du ministre doivent pouvoir être identifiées et se correspondre au mieux. L’important est donc la justesse de l’évaluation des besoins sans projeter sur une personne, fût-elle exceptionnelle, les fantasmes d’une paroisse modèle. Tout se joue donc dans la mise en place d’un projet paroissial solide et réaliste. Une communauté peut prévoir de mettre en œuvre un panel de trente activités régulières couvrant tout le spectre des actions possibles, la réalisation effective de ce catalogue aura de fortes chances de rester un projet pieux.

Bien sûr, la personnalité du ministre influera ensuite sur les orientations de la paroisse ; mais chaque communauté peut prendre conscience de ses particularités et trouver les deux axes prioritaires qui la tourneront vers demain. Faire face à l’absence de pasteur et regarder l’avenir, c’est alors choisir de se développer dans une ou deux directions, le choix étant moteur pour concentrer l’énergie paroissiale vers un nouvel élan.

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