Par Marc de Bonnechose, pasteur, ancien directeur de Saint-Jean
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Chrétiens, musulmans, juifs, bouddhistes ou athées, la nuit de Noël est ressentie par tous comme un temps à part. L’idée était venue au fil des ans d’être présents dans les locaux sous prétexte d’un travail informatique urgent et de maintenir entrouverte la porte du bureau tout proche de la salle commune. Invariablement, des parents esseulés venaient partager une pensée de lassitude ou d’interrogation à propos de leur enfant, une souffrance de Noël.
Les voyageurs font équipe
Nous nous retrouvions ainsi, la discussion attirant d’autres personnes au retour de leur journée de veille, parfois à une dizaine dans l’espace exigu d’un bureau, qui appuyé sur une pile de dossiers, qui juché sur un coin de table, qui accolé au mur.
Au fil des évocations des situations personnelles, des bonnes et mauvaises nouvelles, Noël offrait l’occasion de mieux se connaître, de s’expliquer les uns aux autres certaines pratiques et fêtes des différentes traditions présentes ; mais chacun pouvait surtout, à l’abri de la rencontre impromptue, reconnaître combien son enfant l’avait changé lui, l’adulte.
Une liturgie particulière
Comme une liturgie invisible, le temps de l’accueil se déplaçait ensuite dans l’espace du repas, le travailleur du soir devenant à son tour accueilli ; la société disparate des parents harassés était devenue une équipe de Noël, concrète et bienveillante.
C’est précisément là, après quelques discussions autour des préparatifs de dîner, qu’il importait de s’éclipser. Car on ne peut prendre sur soi la vie des autres et pour ces parents l’essentiel restait à vivre entre eux, tant il est vrai que la souffrance tend à se diluer dans le partage.
* Cet article fait partie du dossier Mon Noël en famille proposé par la Presse régionale protestante.