Un chrétien peut-il célébrer la fête des mères ?

Le dimanche 4 juin, les mères vont être submergées de cadeaux, dessins et autres bricolages scolaires du meilleur goût (coffret à bijoux en boîte à camembert, colliers de nouilles, etc.). Quel peut être le sens spirituel de cette fête ?

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Par le pasteur Fabrice Benoit

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Je sais bien que cette fête n’a rien de chrétien. Elle date de1906 et a été réactivée par le régime de Vichy pour exalter les mères de familles nombreuses, piliers de la Nation. Mais, malgré ce lourd passé, si cette fête perdure, c’est parce qu’elle correspond à un besoin profond. Au-delà de ce côté un peu païen et sexiste, cela peut être l’occasion de réfléchir autour de ce vieux commandement : « Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que Dieu te donne. » (Exode 20.12).

 

Le commandement de Dieu est une parole de vie


 

À l’heure actuelle, lorsque l’on entend le mot « commandement », on pense spontanément à des ordres donnés et reçus, des interdits, la loi et la morale. 
Mais nos frères juifs préfèrent parler des « Dix paroles » plus que des « Dix commandements » car ce que nous appelons le commandement est une Parole de Dieu qui nous est adressée pour notre mieux-être et celui de l’autre.

 

L’amour n’est pas
 une obligation


 

Comme le dit le grand pédopsychiatre américain Bruno Bettelheim, ce « commandement » est un de ceux qui décrivent le mieux les relations des parents avec leurs enfants.
 Car malgré tout ce que l’on peut entendre, lire, ou penser sur la dureté de notre monde, nous vivons dans une société très sentimentale. Ainsi on a tendance à interpréter le commandement « honore ton père et ta mère » comme « tu DOIS aimer ton père et ta mère » car l’amour est une des valeurs de référence de notre société. L’« amour » doit donc régner obligatoirement dans les relations familiales.

 

L’importance et le respect que l’on donne à son père et sa mère

 

Pourtant le commandement dit : « honore » et non pas « aime ». Dans la langue biblique, le verbe honorer ne veut pas dire aimer.
 « Honorer », en hébreu, veut dire « donner du poids ». Donner du poids c’est donner de l’importance et du respect.
 Et je crois que ce verbe « honorer », « donner du poids », est une ouverture, une possibilité de vivre notre vie. Car honorer son père et sa mère permet de les considérer pour ce qu’ils ont de meilleur et permet aussi de prendre une certaine distance par rapport à eux.
 Car, parfois, la famille peut devenir un lieu d’enfermement et d’étouffement.

« Honorer son père et sa mère » permet de prendre ses distances et de vivre sa propre vie de manière autonome et de ne pas reproduire le modèle dans lequel on a vécu. Mais la parole de Dieu nous ouvre sur la vie, sans renier le passé ou mettre de côté ceux à qui l’on doit la vie, mais elle leur donne leur juste place, celle de l’honneur et du respect.

 

Le baptême, ouverture 
à la liberté

 

Il permet d’être libre de se laisser envelopper par l’esprit de Dieu et de renaître à une nouvelle vie comme nous le rappelle l’entretien de Jésus et de Nicodème (Jean 3).
 Oui, par le baptême, que nous soyons adultes ou nourrissons, nous devenons enfants de Dieu et c’est parce que nous l’honorons et le respectons que nous pouvons dire « Dieu, notre Père » avec toute la tendresse et tout l’amour qu’il peut y avoir dans ce nom.

Je voudrais conclure cette petite réflexion par cette prière de Charles Singer :

 

« 
Ma Mère
,

Par toi je suis venu au monde.


Tu m’as ouvert les yeux sur 
les boutons d’or des étoiles 
et sur les feuilles des arbres tremblant comme des papillons sous la musique du vent.


Tu m’as appris la beauté, ma mère ! […]


Tu m’as appris à aimer, ma mère, et c’est alors seulement que 
je suis né en vérité.


Tu m’as appris Dieu qui est amour. Et la première église, le premier tabernacle où j’ai contemplé la tendresse de Dieu, était ton visage, ma mère ! »

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