Voir Jonas, confiné mais en sécurité dans le ventre du gros poisson, nous est familier. Après la fuite devant l’appel de Dieu, sauvé de la noyade, il y est à l’abri. Empêtré dans les constructions mensongères de sa vie. Confiné, mais en sécurité.
Si nous restons « chez nous », nous vivons dans une sécurité toute relative. Le prix à payer est l’autosuffisance, le vase clos. Jonas vit ce temps, suspendu à la prière. Il parle à Dieu, pendant trois jours et trois nuits. C’est tenable, mais pas trop longtemps. Ce n’est pas « une vie ».
Mais voilà, coup de théâtre : le gros poisson recrache Jonas. On aimerait croire que tout s’arrange pour lui. Que la prière l’aurait transformé ! Jonas avance vers la grande ville. Il s’expose au danger. Mais le véritable danger ne vient pas de l’extérieur, comme il l’avait imaginé. Jonas doit changer de point de vue. Y arrivera-t-il ?
Nous allons, à notre manière, avancer en dehors du ventre du gros poisson. Avec des élans de courage, comme Jonas vers la grande ville. Annoncer des changements en vérité. Ces annonces seront, parfois, suivis d’effets.
Mais nous vivrons aussi des accès de découragement. Car l’enferment se situe aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Va-t-il falloir faire de la place à un amour plus grand ? Un amour qui fait éclater nos petites vérités ? Car Dieu aime au-delà de ce que nous osons imaginer.
Pasteure Angelika Krause, Église protestante unie de Barbezieux