L’Ascension, une fête méconnue, mais un « pont » attendu !

« … je monte vers mon Père, qui est votre Père, vers mon Dieu, qui est votre Dieu » Jean 20.17b. Pour la première fois dans l’Évangile, les disciples de Jésus sont devenus ses frères, et de même le Dieu de Jésus est devenu le Dieu des disciples.

Panneau du Triptyque des Offices par Mantegna © Domaine public

Le mot « ascension » signifie action ou fait de monter, de s’élever. L’événement tient une place peu importante dans les textes. Dans les évangiles, Marc (Mc 16.19) mêle Ascension et Pentecôte et longtemps les deux événements ont été célébrés ensemble. Jean fait coïncider l’Ascension et la Résurrection de Jésus-Christ. Luc l’évoque à deux reprises : à la fin de l’Évangile (Luc 24.51) et au début des Actes des Apôtres (Actes 1.9). Le récit est plus développé dans les Actes dont Luc est aussi l’auteur. Luc raconte l’Ascension de deux façons différentes. Jésus se sépare de ses disciples en les bénissant, l’Ascension conclut la vie terrestre de Jésus, les disciples rejoignent Jérusalem dans la joie. Tout récit d’enlèvement céleste dans l’Antiquité signifie « accéder à l’éternité ». Dans les Actes, Jésus s’en va en leur confiant une mission, celle de le faire connaître et être ses témoins « … à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre ».

Un peu d’histoire

L’Ascension a lieu, cette année, le jeudi 26 mai, soit 40 jours après Pâques, et 10 jours avant la Pentecôte, c’est un jour férié en France. Elle fait partie des principales fêtes catholiques en France. L’Ascension est célébrée depuis le IVe siècle par les chrétiens qui, en procession, montent vers le lieu de l’arrestation du Christ à Jérusalem sur le mont des Oliviers. Pendant quelque temps, Ascension et Pentecôte ont été fêtées ensemble. Depuis 511, les trois jours avant l’Ascension étaient les « Jours des Rogations » qui ont disparu depuis longtemps et sont facultatives pour les catholiques, depuis Vatican II. L’Ascension est devenue un jour férié depuis la signature du Concordat entre Napoléon 1er et le pape Pie VII (1801). Elle fait partie des quatre fêtes chrétiennes légalement chômées avec Noël, l’Assomption (montée de la Vierge au ciel) et la Toussaint (fête de tous les saints). Cette fête est la moins connue et la moins célébrée par les protestants et notamment les réformés. Les paroisses qui organisent un culte, ce jour, sont peu nombreuses. Calvin s’est appuyé sur le récit de l’Ascension pour contester la conception catholique de la présence réelle et matérielle du Christ dans le sacrement de la Cène : « Pourquoi restez-vous là, à regarder le ciel ? ». Au XVIIIe siècle, la fête de l’Ascension, supprimée lors de la Réforme, est réintroduite à Neuchâtel, par le pasteur Jean-Frédéric Ostervald, et marque les prémisses d’un retour d’un calendrier liturgique dans les Églises protestantes. Aujourd’hui, davantage de paroisses organisent un culte pour l’Ascension et les protestants renouent avec cette tradition.

Signification

L’Ascension clôt la période des apparitions du Ressuscité auprès de ses disciples avec lesquels depuis sa mort il a parlé plusieurs fois du Royaume. Jésus est au Ciel, il n’est plus sur terre, il est désormais présent, mais de façon différente. Jésus ne laisse pas ses disciples seuls, l’Ascension est le préalable à l’envoi de l’Esprit lors de la Pentecôte et à la création de l’Église. « Je vous ai parlé ainsi pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé » (Jean 15.11-12).

Catherine Robert

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