L’Épiphanie
Par Catherine Robert
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« L’Adoration des Mages » est devenue une histoire populaire et a fortement inspiré l’art occidental. Elle est fêtée autour d’une galette le 6 janvier ou le premier dimanche après Noël, c’est l’Épiphanie.
Qui sont ces mages ?
Prêtres perses, venus de Médie, astrologues babyloniens appelés « Chaldéens » par les Grecs et les Romains. En Orient ils sont très nombreux. Ils sont « astrologues », « astronomes », observent les astres et interprètent le mouvement des étoiles et tous les signes avant-coureurs, afin de déchiffrer l’avenir. C’est pourquoi ils suivent l’Étoile, jusqu’à Jérusalem et puis jusqu’à Bethléem à la recherche du « Roi des Juifs ». Dans le texte, aucune mention du nombre de mages, des noms, du pays d’origine, de l’ethnie, ni du rang social ou religieux. En dehors du « Roi des Juifs », on ne parle pas de roi ! Ce sont les Pères de l’Église qui ont transformé les mages en rois : des rois de nations païennes qui ont reconnu le Messie qu’Hérode et les Juifs ont ignoré. Le récit vise à légitimer l’accueil des païens dans l’Église. Au cours des siècles chaque mage prend une personnalité et se distingue d’un point de vue physique. Ils représentent d’une part les « terres connues » et d’autre part les trois âges de la vie : Melchior le plus vieux à la peau blanche et barbu, viendrait du Moyen-Orient, Balthazar, à la peau cuivrée et moustachu serait originaire des Indes, le troisième Gaspard, le plus jeune, imberbe à la peau foncée, arriverait d’Afrique. Chacun apporte un coffret contenant un cadeau pour le « Roi des Juifs ». Trois coffrets, donc trois mages !
Des présents prémonitoires ?
« … ouvrant leurs coffrets, [les mages] lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » Matthieu 2.11b. Melchior apporte de l’or, symbole de la Royauté de Jésus. C’est aussi ce qu’il y a de plus précieux. Les Égyptiens en ont fait « le corps des dieux » et les masques des défunts illustres. Gaspard offre l’encens, une substance résineuse aromatique que l’on fait brûler et qui évoque l’idée d’offrande et de parfum mais aussi de sacrifice.
« Zacharie a été désigné par le sort, pour offrir l’encens à l’intérieur du sanctuaire du Seigneur » Luc 1.9-10, sur « l’autel des parfums », et enfin la myrrhe, apportée par Balthazar. La myrrhe, résine issue du balsamier, sert à faire des préparations aromatiques pour l’embaumement des corps. À trois reprises on trouve mention de la myrrhe dans la vie de Jésus. À la naissance, mais aussi sur le chemin de Golgotha, les soldats lui proposent du vin mêlé de myrrhe pour étancher sa soif. Il ne le prend pas, fidèle à ce qu’il avait déclaré, boire le vin nouveau au royaume. Et enfin, Nicomède apporte une préparation de « myrrhe et d’aloès » et avec Joseph d’Arimathée, « … ils entourèrent [le corps de Jésus] de bandelettes avec des aromates, suivant la manière juive d’ensevelir. » Jean 19.40. Ces cadeaux des mages donnent le sens de la venue de Jésus, de son sacrifice et de sa mort.
L’évangile de Luc parle de la venue des bergers qui symbolisent le petit peuple et les habitants de Galilée. Les mages symbolisent des classes plus aisées et l’ensemble du monde. Au retour, ils se « laissent déplacer » par Dieu afin de ne pas revoir Hérode. Quant à la galette, c’est une tout autre histoire !
NDLR : Madeleine Félix, spécialiste des Rois mages et membre de l’Église protestante unie d’Indre et Creuse, a publié en 2000 un magnifique livre sur le sujet : » Le livre des Rois Mages » chez Desclée de Brouwer, malheureusement épuisé. Elle a également publié en 2010, avec Jadir de Morais Pessoa, » Les voyages des Rois Mages – de l’Orient jusqu’au Brésil « , aux éditions l’Harmattan.