DVD
Un film de Aurel. Scénario, adaptation et dialogues de Jean-Louis Milesi. Les Films d’Ici Méditerranée.
C’est un film d’animation au dessin doux, à l’ambiance musicale en demi-teintes, que nous propose l’artiste Aurel, pour évoquer l’étonnant parcours de Josep Bartoli, dessinateur et homme politique catalan. Cette œuvre a été sélectionnée à Cannes en 2020 et a retenu l’attention.
À partir de février 1939, arrivé d’Espagne – comme ces centaines de milliers de personnes malades ou blessées qui fuient la dictature franquiste –, Josep fut détenu dans différents camps en France. Puis il est passé par le Mexique – tombé sous le charme intense de Frida Kahlo – et il est mort en 1995 aux États-Unis, où il avait rencontré les plus grands peintres.
En 39, dans les camps français vite débordés par le nombre de réfugiés, Josep Bartoli subit, comme les autres, le mépris et les humiliations de la part des gardiens. Faim, soif, chaud et froid, transferts incessants, maladies et parasites font le reste pour imposer l’horreur dans ces espaces de « concentration » dont il ne reste plus rien aujourd’hui.
Josep subit, mais il a une arme, le seul bien pour lequel il se bat : du papier et un crayon. Alors avec ses dessins, il raconte les réfugiés, leurs misères, les baraquements et les barbelés, les cris… Au milieu de ce concentré d’inhumanité se noue une amitié, une complicité entre Josep et un gendarme qui vit mal sa mission et tout ce dont il est témoin.
Le documentaire qui accompagne le film, Bartoli, le dessin pour mémoire, de Vincent Marie, propose notamment de revenir sur ces camps du sud de la France, dont les traces matérielles ont le plus souvent disparu, mais dont les noms, pourtant évocateurs de liberté, appellent encore, dans les mémoires familiales, des souvenirs douloureux : Argelès-sur-Mer, Collioure, Saint-Cyprien, Agde, etc. Parmi divers intervenants, le dessinateur Aurel, auteur de Josep, souligne l’assurance du trait sans reprise de Josep Bartoli. Un autre parle de la colère de ces militants républicains, suscitée par les souffrances qui leur avaient été réservées en France, une colère qui ne s’est jamais éteinte.
Séverine Daudé,
Journal Échanges