CINÉMA
Cette critique a été aimablement fournie par notre partenaire, l’association Pro-Fil.
Réalisation : Paul Thomas Anderson
États-Unis d’Amérique, 2022, 133 min
Biographie
Paul Thomas Anderson, né en 1970, débute en tant qu’assistant de production sur des téléfilms et clips vidéo. A 23 ans il réalise son premier court, Cigarettes and Coffee (1993), remarqué au festival de Sundance. Par ses longs métrages il obtient une reconnaissance internationale (Magnolia Ours d’Or à Berlin 2000, Punk-drunk Prix de la mise en scène à Cannes 2002, The Master Lion d’argent à Venise 2012). Phantom Thread (2017) a obtenu un grand succès critique.
Résumé
1973, dans la région de Los Angeles. Alana Kane et Gary Valentine font connaissance le jour de la photo de classe. Alana n’est plus lycéenne, mais tente de trouver sa voie. Gary, lycéen, a lui déjà une petite expérience d’acteur et il fait la cour à la jeune fille. Amusée et intriguée par son assurance hors normes, elle accepte de l’accompagner à New York pour une émission de télévision. Les évènements prennent vite une tournure inattendue pour l’histoire d’amour naissante.
Analyse
Pour son neuvième long métrage dont le titre rappelle l’enseigne d’une ancienne chaîne de disquaires du Sud californien, Paul Thomas Anderson, qui a su tout au long de sa carrière se diversifier, change complètement de style en réalisant une romance légère, d’une infinie délicatesse, vintage, et qui ne manque pas d’excentricité. Dans la grande banlieue de Los Angeles où le réalisateur a grandi et a tourné plusieurs films, la vallée de San Fernando, Gary 15 ans, tombe amoureux d’Alana, une jeune fille qui en a 25. A cet âge cela parait inaccessible. Mais il fonce, beau parleur, sans une once de timidité, sûr de lui et de son avenir. Il est certain au premier regard d’avoir rencontré la femme de sa vie. Elle, réticente au départ, se laisse pourtant aller à la curiosité pour cet adolescent qui ne manque pas d’audace. On pourrait résumer le scénario au banal « a boy meets a girl ». Ce serait très réducteur pour un film qui dégage un charme singulier, qui nous entraîne dans un monde de nostalgie où un adolescent et une jeune femme enchainent des aventures dérisoires, anecdotiques et grandioses. Deux êtres que le génie du réalisateur a choisis loin des canons cinématographiques. Lui, Gary, adolescent grassouillet, boutonneux, à peine sorti de la puberté, sans charme particulier, qui n’a jamais été acteur. Elle, Alana Haim, chanteuse et musicienne du groupe Haim, qui a tourné des clips avec le réalisateur mais n’a jamais été actrice. Leur naturel (ils ne portent aucun maquillage), leur fraicheur, leur innocence, leur talent sont une source de fascination. Au jeu de « je t’aime moi non plus », ils ne se quittent pourtant pas des yeux, se cherchent, s’esquivent, passent par toutes sortes de prétendants, mais ne peuvent se passer l’un de l’autre et finissent par se trouver. Dans de magnifiques scènes tournées en travellings latéraux, le réalisateur les montre dans des courses effrénées, souvent répétées, mais jamais ensemble et pas toujours dans la même direction.
Une formidable bande son des années seventies, la minutieuse reconstitution des décors de l’époque, la beauté de la photographie, une mise en scène subtile qui manie habilement les ellipses, les non-dits, avec des regards, des petits gestes, des silences qui en disent bien plus que de longs discours donnent à ce film un attrait tout particulier.
Marie-Jeanne Campana
Fiche technique Réalisation et scénario : Paul Thomas Anderson. Musique : Jonny Greenwood. Décors : Florencia Martin. Photographie : Michael Bauman. Distribution France : Universal Pictures International France. |
Avec :
Alana Haim (Alana) ; Cooper Hoffman (Gary); Bradley Cooper (Jon peters); Sean Penn (Jack Holden).