Une Église, un pasteur, un projet – 17*
De quel projet auriez-vous envie de partager ?
Le terme de projet me fait frémir tout en m’interpelant. Frémir car je n’ai pas encore eu l’élan pour me lancer dans la réalisation d’un projet depuis ma venue dans la région Ouest. Bien avant la crise sanitaire, la notion même de projet me posait question de façon spirituelle.
Dans la Bible, deux acteurs ont des projets. L’Éternel qui a des projets de bonheur pour nous, et les malfaisants, les méchants qui manigancent, calculent, intriguent. Avons-nous à mener des projets en Église, sachant que l’Éternel mène ces projets et qu’Il en est le maître ?
Nous avons découvert, avec l’épreuve de la Covid, que nos projets peuvent être complétement mis à plat. Du jour au lendemain, on se retrouve à devoir réorienter notre façon d’être en lien les uns avec les autres. Tout ce que nous avions pu établir, étalonner et même calculer pour le lendemain s’est retrouvé complètement remis en question. Mais ce peut être aussi un événement personnel. Brutalement, tout ce qui avait été programmé s’écroule. Cela m’est arrivé en famille il y a plusieurs années. Depuis j’ai certainement du mal à regarder plus loin que ce qui nous est demandé de vivre aujourd’hui.
Ce qui m’intéresse n’est pas forcément de rêver à demain mais de savoir ce que l’on fait aujourd’hui avec les personnes qui nous entourent et la force qui nous est accordée.
Plutôt que le terme « projet d’Église », je préfèrerais « envie d’Église ». Qu’est-ce qui nous met en vie en Église ? Cela pourrait se mettre à l’écoute, en position d’ouverture envers les projets de l’Éternel qui sont déjà à l’œuvre, et dans lesquels il s’agit de nous inscrire.
Comment peut-on se mettre à l’écoute ?
Tenons-nous simplement avec celles et ceux qui nous entourent, saisissons des occasions de rencontres, avec des personnes de passage qui vont peut-être nous éveiller à une façon d’envisager l’Église autrement.
Depuis plusieurs années, on parle de visibilité dans l’Église : avoir une belle vitrine telle une boutique commerçante. Mais l’Église est-elle un commerce ?
En tant que pasteur, ce n’est pas le modèle du commerçant qui me plaît mais celui de l’artisan dans son atelier qui façonne, travaille la matière et qui prend son temps. C’est ce que nous avons à faire ensemble en Église : façonner ce qui est le plus beau, le plus cher pour nous, quitte à ce qu’un jour cela réjouisse les personnes qui gravitent autour de nous.
Lorsqu’on n’avance pas très vite, on peut se voir reprocher un certain immobilisme, mais prendre le temps d’être à l’écoute n’est pas être immobile. C’est peut-être le temps nécessaire pour aller dans le bon sens.
Propos recueillis par Élisabeth Renaud
* Cet article est le dix-septième de la série « Une Église, un pasteur, un projet ». Lire le précédent : « Un pasteur, une Église, pas de projet… qu’il dit ! ».