C’est quoi la Septante ?

Au IIIe siècle avant J.-C., de nombreux Juifs vivaient en dehors de la Palestine, notamment à Alexandrie en Égypte. Ils ne comprenaient plus l’hébreu mais parlaient grec, langue largement répandue suite aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Il a paru alors nécessaire de traduire en grec la Torah, le cœur de la Bible juive.

Les traducteurs de la Septante inspirés par le Saint-Esprit, illustration de La Chronique de Nuremberg, 1493 © Domaine public

Par Françoise Giffard

 

La tradition rapporte que 70 ou 72 savants inspirés ont réalisé cette traduction à Alexandrie. D’où le nom de « Septante » et son sigle LXX. Les autres livres de l’Ancien Testament ont été traduits ensuite.
La Septante a largement circulé dans le bassin méditerranéen et s’est rapidement imposée comme la version que lisaient les chrétiens dont un grand nombre n’étaient pas Juifs. Par exemple, les citations de l’Ancien Testament faites dans les évangiles utilisent le texte de la Septante. C’est donc avec elle que s’est construite la pensée chrétienne.

 

Des livres utiles à lire

 

On a la chance de posséder des manuscrits très anciens de la Bible chrétienne, datant du IVe siècle. Le texte utilisé pour l’Ancien Testament est celui de la Septante.

Dans le judaïsme ancien, la liste des livres de référence n’était pas figée. Les manuscrits de la Septante comportent des livres en grec inconnus, des manuscrits en hébreu comme par exemple Judith, Tobie ou les Maccabées ou des ajouts comme chez Daniel ou Esther. Ils étaient donc lus par les chrétiens des premiers siècles. Ils ont été laissés dans les traductions latines et l’Église catholique les a gardés. Les Réformateurs, eux, ont traduit la Bible à partir du texte hébreu, donc sans ces livres. Luther les considérait comme ne faisant pas autorité, mais néanmoins utiles à lire. C’est pourquoi on ne les trouve pas dans les bibles protestantes. On les a appelés deutérocanoniques ou apocryphes.

 

La lecture de la Septante a influencé la pensée chrétienne

 

D’une part, toute traduction est une interprétation. Et traduire en langue grecque induit obligatoirement une influence de la pensée grecque sur le texte. Et d’autre part, très tôt, les chrétiens ont cherché à enraciner la venue du Christ dans l’Ancien Testament. Le vocabulaire de la Septante a orienté certaines affirmations. Par exemple, Ésaïe annonce en 7.14 qu’une vierge sera enceinte et accouchera d’un fils qui sera appelé Emmanuel. Les chrétiens ont vu dans ce texte l’annonce de la conception virginale de Jésus. Le terme « vierge » se trouve effectivement dans la Septante, mais pour les Juifs, le mot hébreu signifie « jeune fille » voire « jeune femme », ce qui rend le lien moins évident.

On trouve aussi quelques écarts de texte avec nos manuscrits en hébreu. On a pu penser que cela venait de la traduction. Mais certains fragments en hébreu découverts à Qumran confirment parfois la traduction de la Septante. La Septante a donc pu se baser sur des manuscrits en hébreu plus anciens que ceux habituellement utilisés.


 

À RETENIR :

 

 La Septante est la traduction ancienne en grec de l’Ancien Testament. Elle tire son nom de ses supposés 70 traducteurs ;

 Les chrétiens des premiers siècles la lisaient majoritairement et les citations bibliques dans le Nouveau Testament sont issues de cette traduction ;

 Elle comporte des livres qui ne se trouvent pas en hébreu. C’est ce qui explique la différence entre les bibles catholiques et protestantes ;

 Il est intéressant de l’étudier en parallèle des textes issus de l’hébreu, car elle a influencé la lecture chrétienne de l’Ancien Testament et elle peut être le reflet de manuscrits en hébreu plus anciens que ceux que l’on possède.

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