Fuir, s’adapter ou combattre – La Saint-Barthélemy

Il y a 450 ans, les protestants se mettent sur la défensive après le traumatisme de la Saint-Barthélemy de 1572. Entre siège de La Rochelle et assemblée de Millau, le parti huguenot résiste et s’organise.

En 1573, La Rochelle est restée invaincue malgré un long siège entrecoupé de négociations et de nombreux assauts © DR

 

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Par Anne-Marie Balenbois

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La saison de la Saint-Barthélemy, comme disait Michelet, s’est poursuivie bien au-delà du 24 août 1572, gagnant de nombreuses villes du royaume après Paris. On estime à 3 000 le nombre de morts dans la capitale, 7 000 au total pour la France, particulièrement à Orléans, Angers, Lyon, Rouen, Bordeaux ou encore Toulouse. Dans toute l’Europe protestante c’est l’indignation qui domine tandis que les protestants français, sous le choc, organisent la réaction.

 

Fuir

 

Dans tout le royaume on observe un grand mouvement de conversion, même dans les villes qui n’ont pas ou peu été touchées par les violences, ce qui en dit long sur le traumatisme ressenti. Un des exemples les plus marquants est la ville de Caen, dont la moitié des habitants étaient protestants avant 1572 (plus de 10 000, 3 500 seulement en 1578). À Rouen, on a compté 500 morts pendant la Saint-Barthélemy, par la suite 3 000 abjurations. Ceux-là on la sensation que Dieu les abandonne et qu’il faut revenir au catholicisme. Ce sentiment est d’autant plus fort que Henri de Navarre, qui a succédé à sa mère, est en résidence surveillée après avoir lui aussi été contraint d’abjurer. D’autres familles, surtout proches des frontières, préfèrent fuir physiquement : c’est une première vague d’émigration, surtout en direction de l’Empire germanique et la Suisse.

 

Se battre

 

Dans les provinces à forte population protestante, on se défend : c’est le cas de La Rochelle, qui réclame l’exemption du logement des troupes royales ainsi que le libre exercice du culte. Après l’attaque d’un envoyé du roi, le baron de Biron décide d’investir la place tandis qu’un blocus maritime se met en place. Dans la ville assiégée, tous les hommes valides prennent les armes sous les encouragements des pasteurs, les faubourgs sont rasés pour dégager les abords tandis que des réserves de poudre et de vivres sont faites. Le duc d’Anjou, premier prince du sang, est désigné pour prendre la tête des troupes, signe de l’importance accordée à ce siège. Malgré plusieurs assauts, c’est l’échec, avec des pertes importantes pour l’armée royale. Finalement le siège est levé le 6 juillet 1573. Les protestants français ont montré qu’ils étaient capables de se battre et de vaincre pour leur survie.

 

S’organiser

 

Batailles et escarmouches se succèdent. Si La Rochelle sort victorieuse du siège, ce n’est pas le cas de Sancerre, dont les murailles sont rasées. Un nouveau traité de paix est signé le 11 août, un des plus restrictifs de la période avec une liberté de culte extrêmement limitée. En réaction, une assemblée huguenote se réunit à Millau en décembre, sur le modèle des états généraux et fonde ce que l’on a appelé « les Provinces-Unies du Midi », mais sans faire sécession avec le royaume. Le parti se dote d’un conseil permanent, d’un gouverneur militaire et même de chambres de justice. La Saint-Barthélemy a lancé un processus de réflexion sur le pouvoir et la tyrannie, l’ordre social et politique.

En attendant, Charles IX n’a plus que quelques mois à vivre. Le duc d’Anjou, élu roi de Pologne, a quitté La Rochelle pour se rendre dans son nouveau pays, qu’il abandonnera bien vite pour prendre la succession de son frère en 1574. La Saint-Barthélemy a échoué à faire disparaître les protestants du royaume mais le coup a été rude, et la remontée sera lente…

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