As bestas

Je n'avais pas prévu d'aller au cinéma ce mois-ci, et puis, comme mes projets se sont modifiés, je me suis dit : « Voyageons une fois de plus avec le cinéma ! » Pas très loin, nul besoin de prendre l'avion. Allons faire un tour à la montagne, plus précisément en Galice au milieu des chevaux et des moutons.

Le film qui m’a plu

 

As Bestas, thriller – drame, 2h17min, de Rodrigo Sorogoyen, par Isabel Peña, Rodrigo Sorogoyen, avec Marina Foïs, Denis Ménochet et Luis Zahera.

 

Par Roseline Cayla

 

Aujourd’hui, je vous parle d’un film franco-espagnol, As bestas, du réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen. Dès la première scène le spectateur est plongé dans la réalité d’un hameau du nord de l’Espagne, dans la montagne où la vie est rude. Au milieu d’un groupe de chevaux, trois hommes accrochés à l’un des chevaux, essaient de le maîtriser pour l’obliger à se coucher (afin de lui couper la crinière pour sa sécurité, et pour le marquer, comme nous l’indique un bref insert). La scène est brutale et peut apparaître comme la métaphore de cette histoire. En effet, on va assister à la guerre d’usure entre un couple de Français installés dans ce village depuis plusieurs années pourtant, et leurs voisins, deux frères célibataires assez frustes, qui vivent avec leur mère et ne cessent de les harceler ; provocations, moqueries, fausses propositions d’aide, pollution de leur puits, menaces etc. Ils vont même jusqu’à leur rappeler Napoléon : il pensait conquérir l’Espagne, à ses yeux peuplée de quasi sauvages, selon eux, mais ils vont voir ! Ils n’appellent d’ailleurs Antoine que « le Français ».

 

La violence couve en permanence. Pourquoi ? Pour une histoire de signature que le couple n’a pas donnée. Les villageois voudraient voir s’implanter des éoliennes, on leur a promis de l’argent s’ils acceptent de les voir occuper ce qui ne sera plus leur territoire. Ils vivent mal de leurs petites exploitations et beaucoup sont déjà partis, les maisons sont en ruines. Les deux célibataires voudraient aller ailleurs, où ils pourraient prendre femme et s’installer. Antoine et sa femme Olga, eux, sont venus dans ce hameau avec un projet : vivre de leur jardinage, retaper les maisons abandonnées et proposer ensuite gratuitement à qui voudra de venir les habiter. (Cela me rappelle des hameaux du nord de l’Hérault…) Les deux points de vue sont inconciliables.

 

Dans ce film comme dans d’autres, ces derniers temps, le contexte social joue un rôle certain, et aussi la place que chacun se voit dans la société (des gens instruits « qui savent » d’un côté, des gens qui se vivent comme méprisés de l’autre). Je ne vais pas « spoiler » mais apparaît également la fille du couple, venue les voir. Là encore incompréhension, violence des paroles. Mais à travers cette histoire dans laquelle on craint et on espère, ce que j’ai aimé c’est la personnalité d’Olga (Marina Foïs), la solidité du couple qu’elle forme avec Antoine (Denis Menochet), l’amour plus fort que la mort : on a un projet et contre vents et marées on s’y tient.

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