Des musiques à écouter en septembre

La montagne magique du Quatuor Lontano et invités, et Joue pas avec mes nerfs de Sanseverino.
MUSIQUE CLASSIQUE

La montagne magique 

Quatuor Lontano et invités, Intégrale de l’œuvre pour quatuor à cordes d’Igor Stravinsky et autres œuvres, Cascavelle, 2022.

…….

Que de fois dans la Bible la montagne nous emmène-t- elle dans un parcours spirituel et initiatique ! En empruntant pour cet enregistrement le titre du roman de Thomas Mann La montagne magique, le quatuor Lontano et ses invités nous propose son propre cheminement, nourri par les rencontres des Musicales d’Assy. Enregistré dans le cadre montagnard et magique de l’église d’Assy, décorée quant à elle par de grands artistes à la suite de Rouault, cet album nous propose un parcours harmonieux en correspondance avec ce lieu et le vécu du festival.

Ce sera l’occasion de découvrir l’œuvre étonnante pour quatuor à cordes de Stravinsky, ancien hôte du plateau d’Assy, des pièces de Copland, une transcription du Tombeau de Couperin de Ravel ; mais aussi un quatuor d’une grande sensibilité du jeune compositeur américain Paul Novak ainsi que les extraordinaires Folk Songs de Berio.

Un engagement musical intense et une grande ferveur émanent de cet enregistrement.

Béatrice Verry

 

MUSIQUE ACTUELLE

 

Joue pas avec mes nerfs

De Sanseverino, les éditions du Narvalo, juin 2023.

 

Sanseverino n’a jamais caché sa dette envers François Béranger : sa carrière a été lancée en 2001 par l’album Le Tango des gens, qui contenait une seule reprise, « Le Tango de l’ennui », chanson emblématique d’un aîné qui monterait pour la dernière fois sur scène l’année suivante lors d’un concert de son cadet et un an avant de mourir, en octobre 2003, à l’âge de 66 ans.

Depuis cette époque, Sanseverino témoigne du plaisir et de l’utilité de s’asseoir périodiquement avec sa guitare pour interpréter quelques chansons de Béranger. En 2019, il a autoproduit un premier album d’hommage, The Beber Project Vol. 1. Il prolonge ces treize chansons par douze autres, enregistrées en solo.

Le titre Joue pas avec mes nerfs condense bien l’humeur générale des chansons d’un homme volontiers à bout, que même le bonheur peut agacer. Mais il faut que la bile coule dans les veines car les combats ne manquent pas dans « le cimetière des libertés ». Au-delà de la colère classique de son seul tube radiophonique, « Mamadou m’a dit », on ne peut qu’être surpris que les mots de Béranger conviennent si parfaitement à l’époque présente. Et que l’utopie de « La Fête du temps » fasse toujours rêver.

Sans mimétisme, Sanseverino se glisse avec chaleur dans cette matière incroyablement fervente écrite pendant la trentaine d’années prolongeant Mai 68. Un exercice jubilatoire et utile.

 

Bertrand Dicale

Contact