Dounia et la princesse d’Alep

Un film d’animation franco-canadien de Marya Zarif et André Kadi, 2023, 1h13, animation, fantastique, aventure.

Le film qui m’a plu

Par Roseline Cayla

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Avec un tel titre, vous imagineriez peut-être un film « pour fille », un film mièvre, avec des voix d’adultes voulant imiter des voix d’enfants en bêtifiant. Et bien vous vous tromperiez.

 

C’est un joli film à la fois réaliste et poétique, avec de joyeuses couleurs. Il commence sur une vue de la ville d’Alep avec sa mosquée, sa cathédrale, son souk… qui évoque un pays riche de son passé depuis l’Antiquité. Deux cailloux qui parlent accompagnent bizarrement cette histoire, en y insérant un conte qui dit l’amitié entre deux individus et entre deux peuples.

 

Dounia, une toute petite fille à l’abondante chevelure brune, raconte. Sa maman est morte quand elle était petite, elle ne s’en souvient plus. Depuis elle vit avec son papa et ses grands-parents à Alep dans une jolie maison. S’y trouve une cour intérieure avec des arbres en fleurs, un verger. Au milieu coule une fontaine dans un petit bassin où Dounia et ses petits camarades font flotter leurs bateaux de papier. Mais un jour, des hommes sont venus et ont emmené son papa. Dounia vit maintenant avec ses seuls grands-parents qui l’entourent de tendresse : un grand-père habillé à l’ancienne mode turque, qui passe son temps au café, bavardant avec un ami tout en fumant son narguilé, et une mamie-gâteaux toute ronde, parlant confiture avec la voisine qui boit le café avec elle, et qui lit l’avenir dans le marc de café ! Cette dernière a l’accent libanais et porte une croix autour du cou, elle est vraisemblablement chrétienne. Elle vit seule avec sa fille aux cheveux roux. Il y a aussi le marchand d’épices, sa femme et leur bébé. Tous mènent une vie tranquille dans ce quartier où règne une bonne entente entre voisins, quelles que soient leur nationalité ou leur religion.

 

Mais la guerre arrive et Alep perd sa gaieté. La réalité n’est pas cachée, mais vue à travers le regard d’une enfant de six ans, qui la vit comme dans un conte. La maison s’écroule sous un bombardement. Le petit oiseau que son grand-père avait offert à Dounia voit sa cage écrasée sous les décombres. Cela suffit sans que l’on ait besoin de montrer qu’il y a des victimes humaines. Tous doivent quitter leur beau pays et le grand-père dit à Dounia (dont le prénom signifie « monde »), que sa maison est partout puisqu’elle sera toujours dans son cœur. On assiste à leur longue marche à travers la Syrie, vers un camp en Grèce. Le petit groupe aura bien du mal et devra se séparer. Mais tous arriveront à recommencer leur vie. Dounia a fait provision dans les poches de sa salopette rouge, de graines de nigelle qui se révèleront magiques ! Chaque fois qu’un danger les menacera, la graine jetée produira un miracle et rassurera les plus jeunes spectateurs. Ce film fera aussi comprendre aux plus grands le malheur de ceux que la guerre contraint à émigrer.

Un film que j’ai beaucoup aimé, mais je suis peut-être encore un peu enfant !

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