La chance sourit à Madame Nikuko

Le film d'animation a depuis longtemps conquis ses lettres de noblesse et ne s'adresse plus seulement à la jeunesse. Pour rester dans ce dernier domaine, on connaît particulièrement les réalisateurs japonais, par exemple Hayao Miyazaki dont plusieurs longs-métrages ont été produits par Disney.

Le film qui m’a plu

Par Roseline Cayla

La chance sourit à Madame Nikuko, dont je vous parle aujourd’hui, est un film d’animation d’Ayumu  Watanabé, qui s’est fait connaître en 2019  par Les enfants de la mer, merveilleux hymne à la nature. Cette fois-ci il adapte un roman de l’écrivaine Kanako Nishi. Dès le début, on voit un cuisinier sortir un gros morceau de bœuf du garde-manger, et en couper des tranches. Cette viande bien grasse occupe l’écran de manière un peu écoeurante…On nous montre aussi une courte femme ronde, enfouie dans la graisse, mais contente d’elle ! C’est Madame Nikuko. Elle mange en poussant des grognements de satisfaction, une vraie caricature qui avale gloutonnement sa nourriture avec une joie exubérante. Une voix off raconte, c’est celle de KiKuri, la fille de Nikuko. Elle évoque la vie de sa mère, une personne simple, un peu sotte, mais un cœur d’or. Celle-ci a mené une vie de bâton de chaise et les hommes ont souvent profité d’elle. Pourtant elle ne se départit pas de sa gaieté, fait continuellement des jeux de mots, et ne se soucie pas de l’impression qu’elle donne. Chaque matin, en compagnie de sa fille, qui elle, mange posément, elle dévore ses toasts que l’on voit grésiller dans la poêle. La frêle et mince adolescente a honte de cette mère pas comme les autres, et à laquelle elle ne veut pas ressembler. Le film montre d’ailleurs un graphisme différent pour chacune. Kikuri, avec ses grands yeux ronds, semble un personnage de mangas, Nikuko avec ses yeux bridés fait plutôt penser aux figures traditionnelles.
Fatiguée par cette existence instable, elle s’est installée avec sa fille dans un village de pêcheurs où la vie entre gens humbles est chaleureuse. Elle habite sur un bateau. Elle est serveuse dans un restaurant. Mais Kikuri à l’école ne se sent pas comme les autres élèves et pressent qu’il y a un secret dans la vie de Nikuko.

L’histoire est simple. J’ai apprécié les couleurs douces de ce village qui semble un peu hors du monde. J’ai été émue par Nikuko, une personne hors normes d’un point de vue esthétique, mais aussi social (être mère célibataire est stigmatisant dans la société japonaise). Elle est fruste, mais généreuse, sans calcul. Sa fille va accéder à la littérature on verra comment, elle va apprendre à ne pas juger et à regarder au-delà des apparences. Un mélo réjouissant ! Et pourquoi pas ?

La chance sourit à Madame Nikuko, animation, 1h37, de Ayumu Watanabe, par Satomi Ohshima, Kanako Nishi, avec Cocomi, Shinobu Ôtake, Izumi Ishii

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