La conspiration du Caire

Un film de Tarik Saleh, par Tarik Saleh, avec Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri. Sortie le 26 octobre, 1h59, thriller, drame.

Le film qui m’a plu

Par Roseline Cayla

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À quoi le mot « conspiration » vous fait-il penser ? Les uns évoqueront le Complot des poudres fomenté par un groupe de catholiques contre le Parlement anglais et le roi Jacques Ier en 1605. D’autres auront en mémoire la conspiration du marquis de Saint-Mars et des factions de la haute noblesse, à l’encontre de Richelieu ministre de Louis XIII. Ces machinations échouèrent !

 

Alors quand j’entends l’annonce du film de Tarik Saleh, La conspiration du Caire, j’ai un peu en tête tout cela ! Le film du réalisateur suédois d’origine égyptienne est un thriller qui nous transporte à la célèbre université islamique d’al-Azhar au Caire, où une véritable « guerre des chefs » va avoir lieu : qui va succéder au grand imam qui vient de mourir brutalement ? L’atmosphère est complotiste à souhait !

 

Le décor est celui de la grande mosquée d’Istanbul, car le réalisateur est « persona non grata » en Égypte, depuis le tournage de son précédent film, Le Caire confidentiel (2017), déjà une critique de la corruption qui règne dans la société égyptienne. Cette fois nous assistons à l’évolution d’Adam, un jeune homme de condition humble, qui vient de recevoir une bourse pour aller étudier dans la prestigieuse université. Il quitte sa famille qui vit de la pêche dans un village du nord du pays. Quel contraste quand il arrive dans cette immense mosquée que l’on imagine pleine de couloirs, de salles secrètes. ! Le décor est grandiose. On voit les maîtres défiler lentement entre les colonnes sur deux étages, c’est assez impressionnant ! Des groupes d’étudiants sont assis en rond dans un coin de la grande cour, autour d’un professeur qui leur commente le Coran. Tous portent une sorte d’uniforme, long manteau gris et coiffe rouge entourée d’un bandeau blanc. Adam rejoint sa chambrée : austères lits superposés comme dans un camp d’entraînement ou de vacances !

 

L’assistant d’un professeur, qui sert de guide à Adam, commence à le mettre au courant : il y a ce que l’on est supposé faire et ce qui se fait en secret, dans une société où règne l’hypocrisie. Bientôt du haut du toit de la mosquée Adam est témoin d’un assassinat en plein milieu de la cour. Qui a commandité cet acte ? Le chef de la sécurité, Ibrahim, va demander à Adam d’infiltrer un groupe d’étudiants supposés islamistes. Prise de contact par l’intermédiaire d’un livre interdit à l’université que lui confie Ibrahim : « Comment faire le djihad » ! Filatures, trahisons… « Mon pauvre Adam », lui dit plus tard en l’embrassant, son seul ami, forcé de quitter l’université, « tu ne sais pas dans quel merdier tu t’es fourré ». Les services de sécurité sont eux-mêmes divisés quant aux méthodes à utiliser. Adam devra tuer. Pleure, Adam, pleure ! La vérité éclatera-t-elle ? Ibrahim, désabusé, évoluera lui aussi. De façon inattendue il se révoltera, fatigué de voir couler le sang innocent.

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